shadow of the past

Mattie ft. Isaak

C'est étrange cette sensation de franchir les limites. C'est grisant, excitant et pourtant effrayant. Comme une envie de prouver que tu diriges toujours ta vie, malgré les lois du camps, malgré les rôdeurs et la mort qui flotte autour de toi. Chaque pas t'éloigne de Lafayette, chaque respiration te prouve cependant que t'es bien vivant dans ce monde en ruine. Récupérateur, c'est le rôle qui te sauve la mise. T'as besoin de sortir, de te sentir libre juste pour quelques heures. C'est dangereux, tu sens l'adrénaline monter en toi à chaque fois que tu entends un bruit suspect. Mais tu aimes ça, faut pas se mentir, t'aime sentir ton cœur se serrer et tes muscles se crisper un peu plus à chaque fois que tu penses entendre quelque chose. C'est dingue, t'arrive à te persuader que tu vois des ombres alors que rien ne se passe. Ton inconscient te préviens peut-être du danger, que tu ne devrais pas tant avancer vers l'inconnu.  Tu t'es éloigné plus que tu ne le devrais. Tu connais les risques, et pourtant tu avances pour te protéger des yeux et oreilles du camps. T'as toujours l'impression d'être surveillé, t'aimes pas cette sensation. Alors tu accélères le pas et t'engouffres dans le petit magasin au coin de la rue. Tu as juste à emmètre une petite pression sur la porte en bois pour qu'elle s'ouvre. L'odeur du renfermé te saute aux narines, et tu souris. Ça te rappelle le grenier de tes grand-parents, en Irlande. T'as pas beaucoup de souvenirs de ton pays natale, ce ne sont que des sensations ou des sentiments qui semblent s'accrocher. Une chanson que tu te surprends parfois à chantonner, des mots en gaélique et des odeurs qui te plongent dans ton enfance.

Tu avances en silence, tenant fermement ta batte de Baseball. Tu aimes le ridicule de cette arme, un peu comme dans un mauvais film Américain. T'as l'impression d'être l'ado un peu froussard et pourtant populaire qui prend la tête de la troupe. En vrai t'es plus vraiment comme ça, tu prétendais pourtant l'être avant. La salle est vide, aucun rôdeur ou d'humains mal intentionnés. Parce qu'au final, tu ne sais pas ce qui te fait le plus peur : les morts ou les vivants ? Tes yeux glissent sur les étagères vides, l'endroit à déjà été dévalisé. De toute manière, tu n'es pas là pour les provisions, mais pour Mattie. Vous vous étiez donné rendez-vous ici, la dernière fois. Echange de procédé comme tu aimes l’appeler, vous vous servez l'un de l'autre pour obtenir ce dont vous avez besoin. Tu t'assoie dans un coin de la pièce, dans l'ancien rayon alcool, attendant de voir arriver ton ...amie ? Tu ne sais même pas comment appeler votre relation.

Le grincement de la porte attire ton attention et tu relèves les yeux vers la silhouette. Tu la reconnais sans problème et te lève pour lui faire face. "C'est plutôt moi qui suis en retard normalement". Tu souris cependant, t'es tout de même content de la voir. Avant tout ça, vous n'étiez pas amis, vous n’étiez rien d'ailleurs. Venant tout les deux de Lafayette, ayant la scolarité dans les mêmes écoles, vous etiez loin de vous supporter. Et pourtant maintenant, tu gardes un œil sur elle, bien que tu dises que c'est juste pour les clopes. Au final, c'est pas la pure vérité. Elle te raccroche à ce que tu étais, la vie que tu avais, les gens que tu as perdue. "Alors ? Comment se passe la vie à l’extérieur ?" Tu t'appuie contre le mur sans la lâcher du regard " J'ai deux, trois trucs qui pourrait t’intéresser . Tas trouvé des trésors ?"

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