Là où elle aime être. Là où le calme a prit possession des lieux. A quelques « grognements » si l'on peut dire. Dans sa bulle. Dans son monde. Loin de tout. Loin des autres. Éloignée, rejetée, détruite, perdue. Expulsée. Écouteurs plantés dans le fond de ses oreilles. Aucune musique ne se fait entendre. Ça fait bien longtemps que son Ipod n'a plus de batterie. Pas moyen de la charger. Mais elle s'y est faite, comme avec tout. La peur, la mort, la solitude, l'attachement, l'arrachement, la douleur, la vie dans musique, ne pas manger durant plusieurs jours. Elle fredonne, cette musique qui ne la quitte pas. Un rayon de soleil touche son visage. Réchauffe ce corps froid au cœur brisé. Sa joue rosie légèrement. Elle l'effleure du bout des doigts. Une once de plaisir la parcours. Un plaisir simple, un plaisir minime. Mais Mattie a appris, avec le temps, à aimer ces petites choses qui aujourd'hui font son quotidien. Pas un seul bruit à l'horizon. Pas même la présence de « rôdeurs ». Chose rare, complètement impensable il y a encore quelques jours. Un bruit peut-être les a attiré plus loin. A l'exception de celui qui se trouve sur la gauche. Coincé, se putréfiant à force que le soleil lui cogne dessus. Certainement ronger par les rats et autres bestioles. Si au début Mattie en avait été écoeurée, elle le regarde maintenant sans aucune émotion. Il fait parti du décor. Il grogne, les bras tendu dans sa direction. Le visage de la blondinette se ferme, se crispe. Ses sourcils se froncent. Embêtée. « La ferme ! Je n'arrive pas à me concentrer ! » Lui dit-elle, comme si il pouvait l'entendre, la comprendre, l'écouter et lui obéir.
Petite fille fragile qu'on pense. Cheveux d'ange. Perdue et paumée. On aimerait l'aider, la secourir, lui porter une main. Être la branche sur laquelle elle pourrait se reposer. Elle, la gamine aux traits tirés. Au visage marqué par le temps, par les émotions, par les nombreuses disparitions dont elle a du faire face. Elle était heureuse, avant, il y a maintenant bien longtemps. Sa vie se traçait devant elle, elle lui souriait. Cette putain de vie qui lui a complètement échappé. Qui lui a retiré tout ce qui comptait pour elle. Amis, famille, amants, ennemis, passions... Mattie s'est forgée. Mattie a grandi, plus vite qu'il ne le fallait. Sans ses Timberland dernier cadeau que lui avait fait sa mère avant... avant tout ça, elle les porte, chaque jour, son jean troué, devenu vert par le temps. Un t-shirt autrefois blanc, tâché de terre. Son gilet marron. Et son sac à dos. Une voyage. Bien loin la jeune femme apprêtée qu'elle était. Elle sourit, elle en rigolerait presque de son état. Elle qui ne sortait pas sans être coiffée et maquillée. Il est bien difficile de trouver un fond de teint par les temps qui courent. Elle a prit l'habitude de vivre sans. Elle s'y est adaptée comme elle s'y adapte tout le temps.
Ses sourcils se froncent un peu plus. Une silhouette se dessine devant elle. Assise sur un ancien bidon rouillé en plein milieu de la station essence, station à laquelle elle se rendait avant de partir avec ses copines tout le temps d'un week-end. Boîte de nuit, danses endiablées, alcool, cigarette, garçons, filles. Les souvenirs défilent devant ses yeux. Elle est loin cette réalité. Elle voudrait crié à cet individu de ne pas approcher, de partir. Parce qu'elle ne veut pas de cette présence. Elle est bien seule. Il faut encore jour, elle ne craint rien, et quand bien même elle craint quelque chose, elle peut se débrouiller seule. Mattie est rapide. Qui es-tu toi ! « Il n'y a rien ici, il n'y a plus rien ici ! » Mais sa gorge se noue. Son estomac se serre. Son cœur s'emballe. Il s'approche, un peu plus. Elle voudrait pleurer, elle sent les larmes lui monter aux yeux, sa vision se floue alors qu'il se dessine, plus précisément devant elle. Un sauveur, son sauveur. Une lumière, sa lumière. Un espoir, son espoir. Elle reconnaîtrait sa démarche entre mille. Elle ne laisse cependant rien paraître. Après tout, il ne peut pas être seul. On n'est jamais seul quand on sort du camp fortifié de Lafayette. Elle pourrait lui sauter dans les bras, lui dire combien il lui a manqué, combien elle a pensé à lui. Ô oui, elle a pensé à lui, plus d'une fois depuis qu'elle a quitté le camp, depuis qu'elle l'a quitté.
Un peu plus encore il s'approche. Son cœur s'emballe. Elle ravale ses sentiments, elle atténue ses émotions. D'un coup d'index elle arrache cette foutue larme au coin de son œil. « Benoist, ils te laissent sortir seul maintenant ? » Elle le nargue, elle fait la fière, la forte, l'indépendante. Celle qui n'a jamais eu besoin d'aide et encore moins besoin de lui. Mais elle se ment, comment elle lui ment. Elle se tient droite, la poitrine en avant, ses longs cheveux attachés en une vulgaire queue de cheval. Elle voudrait lui dire qu'elle est heureuse de le voir. Elle ne dit rien. Elle se contente de planter son regard dans le sien. Jusqu'à ce qu'il soit assez prêt pour qu'elle puisse voir les traits de son visage. Les cicatrices qu'il retient. Un tabassage gratuit. Son cœur s'emballe, elle pourrait se contenir, encore un peu mais elle ne le fait pas. À cet instant plus rien ne compte si ce n'est la joie. La satisfaction, le plaisir et l'émotion. Incontrôlable qu'elle est. Ses bras s'ouvrent. Pour se refermer tout aussi rapidement autour de son corps, frêle, timide. « Léo. » Les seuls mots qu'elle arrive à articuler lorsqu'elle plonge son visage dans sa nuque. Rassurant, protecteur. Elle inspire profondément son odeur. Putain qu'il lui a manqué !
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Sujet: Re: cruel reunion | leo Mer 15 Mar - 22:56
tell me pretty lies.
▽ Look me in the face, tell me that you love me, even if it's fake, 'cause I don't fucking care, at all
Le réveil fut brutal, les rêves incertains. Des ecchymoses traçaient l’ébauche d’un ciel pastel à même sa chair attendrie par les coups d’un entraînement un peu trop violent, il en sentait ses côtes à respirer de travers. A force de se froisser les os à porter un costume trop lourd pour ses épaules, il allait finir par se briser le Benoist. Il était fait pour les rêves, le gamin, fait pour les travaux de l’esprit. Il n’était pas fait pour courir après les morts, fuir leurs mandibules affamées de peur de tomber entre leurs crocs rongés par la pourriture. Il était trop doux, trop délicat que pour être envoyé au cœur de cette guerre sans front. Chaque sortie le terrifiait, faisant naitre en ses entrailles l’horreur des images que son cerveau conjurait à toute heure du jour et de la nuit. L’extérieur était devenu le champ de bataille de ses pires cauchemars. Les plus profondes de ses terreurs nocturnes se dévoilant sous ses prunelles livides alors qu’il devait affronter ces monstres sans couleurs. Il avait vu Reese au détour d’une allée dévastée. Il avait vu le halo pourpre que laissa à même le sol son crâne éclaté sur le bitume. Leo en avait vu des choses de l’autre côté du mur et, à chaque nouvelle sortie, le fiel montait à ses lèvres le forçant à retenir la nausée lui nouant la gorge. Qu’est-ce qu’il allait trouver cette fois ? Quelle nouvelle image horrifique allait réussir à imprimer ses rétines au point qu’il ne sache comment se faire aveugle à cet effroi-là ? Malgré toutes les pensées le clouant sur place, pendant sa machette à sa ceinture, il savait ne pouvoir éviter son devoir et la prise toujours plus étouffante qu’exerçait la milice autour de sa nuque. L’extérieur était une punition, un exemple brandit en direction de sa famille. S’il n’en portait pas le poids, le Benoist ne savait qui le ferait. Atlas en infamie, ses ailes s’étaient consumées et maintenant il avait à peine la force de porter la voute du ciel qui menaçait de leur tomber sur la tête. Bien qu’il suffoquait entre les murs du camp, le jeune homme se plaisait à l’ombre de leur sécurité. Leo n’avait pas l’étoffe d’un aventurier, pas même l’étoffe d’un survivant. Il ne vivait que sous son crâne, peinant à participer dans cette réalité n’ayant pas été taillée à sa hauteur. Il vivait de songes et de désillusions. Il l’avait vu. Quelques jours plus tôt. Il pensait l’avoir vu à l’ombre de l’hôtel de la ville. Il pensait l’avoir vu dans les décombres d’une vie qu’aucun d’eux n’avait pu vivre. Chasseur de chimères perdu suite à une ombre qu’il ne pouvait abandonner, il s’était retrouvé à l’invoquer dans ses songes. S’il l’avait vu, Mattie ne pouvait être loin. Elle était peut-être même cachée dans l’église, recluse dans le lycée. Elle était quelque part et, malgré lui, Leo ne pouvait cesser de songer à ce qu’elle endurait au milieu des ruines de leur futur. Du sang plein les vêtements, le liquide putride de ces morts-vivants lui collait douloureusement à la peau et à sa lame. Quelque part dans son dos, l’abruti qu’il avait dû se coltiner comme partenaire devant se gorger d’éliminer les choses leur ayant barré la route. Tant et si bien qu’il perdit tout intérêt pour le rookie que lui avaient refilés les autres nettoyeurs sans regret. Tant et si bien que Leo n’eut aucun mal à échapper à son attention afin de s’éloigner du massacre et de son innocence exsangue. La respiration laborieuse, le souffle court face aux carmins ternissant l’éclat de ses prunelles, il avait autant quitté calmement la scène qu’il ne l’avait fui. Rien de plus que sa propre santé mentale à l’esprit, le bourdonnement entre ses oreilles menaçant de lui en faire éclater le crâne, il s’éloignait du claquement mandibulaire de ces choses tout en cherchant la quiétude des coins les plus reculés de la ville. Blessure plus qu’homme, le gamin avançait comme une âme en peine en direction des bordures de la ville. Ils allaient certainement gueuler une fois qu’il rentrerait au camp. Ils allaient gueulés en se rendant compte qu’il n’était pas mort. En comprenant qu’il avait abandonné son binôme, bien que ce dernier s’en sortait sans doute mieux sans lui. Ils allaient se mettre à gueuler et déjà le jeune homme regrettait cette quiétude qu’il peinait à éprouver. Ce fut à ce moment-là qu’il la remarqua. Ombre plus que femme. Mirage plus qu’image. Il n’en fallut pas plus pour que son battant ne s’emballe, bête déchainé cherchant à se défaire de la prison de ses côtes. Les mots de la belle ne détournèrent pas Leo de sa direction. Il ne restait plus rien qu’elle. C’était tout ce qu’il avait jamais souhaité de l’autre côté des barbelés. Accrochant sa machette à sa ceinture, il avançait inlassablement vers la Sargent sans même y penser. Il l’avait toujours fait. « J’ai abandonné mon binôme à quelques miles d’ici. » Sans raison, son souffle était court, ses pensées troubles. Elle avait l’air farouche, Mattie. Elle avait toujours eu l’air farouche la blonde, à se débrouiller seule et à s’opposer au monde. La dévorant du regard, il cherchait les marques de sa vie à l’extérieur. Les cernes sous ses yeux, ses traits tirés par l’inquiétude qu’elle masquait sans difficulté. La jeune femme avait l’air bien, peu importait ce que ça voulait dire. Elle avait l’air bien et c’était tout ce dont avait besoin le brun pour comprendre que s’il l’observait elle en faisait autant. Passant une main sale sur son visage, la griffe le long de sa pommette le fit grimacer. Son sang, celui des choses, il était venu à en oublier que lui aussi était recouvert de déchirures et d’ecchymoses. Avec une douceur toute particulière, il referma ses bras sur la jeune femme. Celle qui venait de lui sauter au cou sans hésitation malgré la saleté le recouvrant. Celle qui lui avait jeté un dernier regard avant qu’ils ne se retrouvent de part et d’autre des barricades. Avant que son absence ne le hante plus que n’avait pu le faire sa présence. Resserrant ses bras sur la silhouette frêle de Mattie, il avait peur de la briser à trop la serrer et pourtant voulait s’assurer qu’elle était bel et bien là, bel et bien en vie. S’il fermait les yeux, il aurait pu croire qu’ils étaient sur le départ. Une vieille mustang dans le dos, les haut-parleurs crachotant une chanson à la mode et son cœur sur le point d’imploser. Est-ce qu’elle serait partie avec lui ? Il en doutait, mais à l’heure actuelle il ne pouvait que rêver. « J’ai cru t’avoir vu il y a quelque jour, du côté de l’hôtel… » Il croyait la voir dans tous les visages purifiés dont il croisait le chemin, ses poumons se vidant jusqu’à ce que son cœur ne reparte de plus belle. Desserrant sa prise sur la jeune femme, il ne savait plus ce qui était décent ou non lorsqu’il était question d’eux. Tout était si flou lorsqu’il s’agissait de la Sargent. Il en avait le myocarde trébuchant et la mécanique de son cœur sur le point de céder. « Est-ce que tu vas bien ? T’arrive à te nourrir ? T’as un endroit où dormir ? Tu… » S’interrompant brusquement sous les prunelles tempétueuses de la belle, il se mordilla la lèvre inférieur en posant l’océan de son regard sur le bout de ses chaussures. Il avait honte de ce subit interrogatoire. « Désolé.
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