AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

Partagez | 
 

 it's happening so fast (thalia)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Anonymous
Invité

Invité
MessageSujet: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptyVen 3 Mar - 19:20




 
{ it's happening so fast. }
 « I think human consciousness, is a tragic misstep in evolution (...) Maybe the honorable thing for our species to do is deny our programming, stop reproducing, walk hand in hand into extinction, one last midnight - brothers and sisters opting out of a raw deal. »

Le bleu régnait dans les hauteurs du ciel tandis que le protagoniste évoluait sous la chaleur brutale d'un soleil qui ne se lassait pas de brûler. Depuis combien de temps il marchait ? Épuisé, désabusé et le corps endolori par cette procession infernale qui s'éternisait sans savoir où jeter l'ancre de la délivrance. Des routes désertées, jonchées de charognes odorantes qui tentaient de se relever au passage de l'exilé. Une journée semblable aux précédentes, accompagnée de son noir cortège de rôdeurs affamés et acharnés. Tous les jours le même ballet de gestes répétés inlassablement. Trouver un endroit sécurisé, manger, dormir et s'interdire de rêver. Des nuits entachées de sombre cauchemars qui venaient gâcher la beauté d'un jour qui faisait semblant de se lever. Une routine infernale dont il aimerait se défaire. Il ne savait pas par où commencer tandis qu'il se laissait tomber de fatigue sur une route hantée par les fantômes du passé. Un regard qui témoignait facilement des horreurs qu'il avait croisé, iris émeraudes plissées sous les rayons d'un astre qui venait l'aveugler. L'espace d'un instant, il songea à tout arrêter et à se  laisser emporter par la mort. Une douce perspective qui s'accompagnerait enfin du point final tant désiré à ce chapitre macabre et frelaté. Sa respiration était saccadée, les lèvres sèches et un corps déshydraté. Une pause tant méritée, observant quelques oiseaux voler sans se soucier du sort des pauvres mammifères rampant en quête de liberté. Condamné à errer sur une terre contaminée et abîmée par l'homme et ses sombres idées. Dame Nature semblait vouloir reprendre ses droits sur une planète souillée. Profanée par des siècles  de mauvais traitements apporté par un humanisme égoïste et décadent. Châtiment divin ? Il préférait ne pas y penser et profiter de cet instant pour écouter la nature chanter, reconnaissant.

Un arrêt de courte durée, gâché par les râles écœurant de ces morts qui venaient chercher un peu de chairs à grignoter. Le blond se hissa alors sur ses pieds, observant un groupe de rôdeurs se diriger vers lui, trop pour qu'il puisse les compter. Il n'avait pas le courage de tous se les faire, préférant alors continuer son chemin afin d'économiser ses maigres forces. Lafayette lui tendait les bras, accélérant le pas vers l'entrée d'une ville fantôme abandonnée aux morts comme toutes les autres cités tombées sous l'épidémie. Il devait absolument se trouver un petit coin pour se délasser, son ventre criant sa faim et ressentant un besoin urgent de se reposer. Si seulement les rôdeurs pouvaient le comprendre tandis qu'une dizaine déboulaient d'une rue pour lui barrer la route. La mâchoire serrée, le barbu laissa alors tomber son sac sur le goudron, prêt à faire goûter à ces créatures l'acier de sa lame affûtée. Avec le temps, il avait apprit à ne plus avoir peur face à leurs apparences monstrueuses, mais il n'était pas encore assez fou pour les sous-estimer. La vitesse, la force et la stratégie étaient ses meilleurs allier face aux zombies dénués d'intelligence et d'agilité. Il laissa le premier s’embrocher de lui même sur sa machette, écrabouillant ensuite son crâne de coups de rangers énervés. Un, puis deux, puis trois et il arrêta de compter. Seul contre une armée qui ne semblait pas se fatiguée et qu'il espérait ne pas venir gonfler.

« Dégage ! » Grogna alors Glenn qui repoussait d'un coup de pieds un rôdeur pour ensuite lui faire embrasser sa lame. Son tee-shirt autrefois blanc était désormais tâché par l’hémoglobine poisseux de ceux qui autrefois pouvaient parler. Tandis qu'il reculait pour les laisser s'approcher, il trébucha alors sur un corps putréfié et embrassa avec douleur le béton encrassé. Sur l'asphalte grise et sale, son sang se répandait, précieux véhicule de vie que les rôdeurs voulaient s'évertués à goûter. Sonné et une vision troublée par le coup qu'il venait de ramasser, il arrivait tout de même à discerner les rôdeurs se traîner jusqu'à ses pieds. Il se débattait, pas vraiment prêt à raccrocher, pas comme ça, pas de cette manière. L'un d'eux se hissa alors sur la carcasse du géant pour venir faire claquer ses dents près de son visage ensanglanté. La fin semblait si proche qu'il songea même un instant à s'y résigner, placide, son regard abîmé planté dans les yeux de ce monstre aux iris dénuées de vie.

crédits ; nocturnals.
Revenir en haut Aller en bas
Thalia Davenport
Thalia Davenport

MEMBER ▴ EVERYTHING DIES.
▴ avatar : evangeline lilly
▴ inscrit le : 23/02/2017
▴ messages : 1076
▴ multi-comptes : Ivy Albrizio
▴ points : 3007
▴ sac : ▬ un stylo ▬ un carnet ▬ mon glock 19 ▬ mon couteau de combat ▬une bouteille d'eau ▬ une trousse de premiers secours ▬ un pot de beurre de cacahuètes entamé ▬ un talisman ayant appartenu à ma grand-mère ▬ une lampe de poche ▬ un couteau-suisse ▬ une polaire ▬ un foulard ▬
MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptySam 4 Mar - 3:58



it's happening so fast


❊ ❊ ❊



L’asphalte sous mes bottes, la brise dans mes cheveux et la douce brûlure du soleil sur ma peau faisaient renaître en moi des souvenirs surannés. Enfin libre et seule hors des remparts du camp, j’avais le sentiment de retrouver en moi une vieille amie dont j’ignorais qu’elle m’avait tant manquée. J’étais à mille lieues de m’imaginer quelques heures plus tôt qu’une simple promenade se transformerait en fugue. Une inconnue aux cheveux sombres m’avait sans le savoir ouvert la voie, disparaissant à l'intérieur des remparts sous mes yeux ébahis. Ma curiosité n’avait pas tardé à l’emporter et je l’avais imitée, m'engouffrant dans la brèche. Le décor qui m’avait accueillie de l’autre côté du mur m’était familier. Au cours de mes mois de survie en solitaire, j’avais des heures durant arpenté les rues non sécurisées de Lafayette. En l'honneur du passé, je m’étais lancée sans but, marchant comme autrefois au hasard des rues.

Je m’approchais d’un mort privé de ses deux jambes dont le corps se mouvait à la force des bras. Je plongeais mes yeux verts dans son regard vorace. Je peinais à verbaliser avec détail et nuances ce que j’éprouvais face à ces carcasses avides.  Après tout, nous étions tous destinés à rejoindre tôt ou tard leurs rangs. Tels des miroirs maudits, ils nous renvoyaient l’image insoutenable de notre immuable destin. D’étranges interrogations traversaient parfois mon esprit lorsque ce dernier se laissait aller à vagabonder. Les rôdeurs avaient-ils des perceptions, des sensations, des émotions ? Le plaisir qu'il m’était arrivé de ressentir lorsque j’enfonçais la lame de mon couteau fétiche dans un l’épaisseur d’un crâne à demi décharné relevait-il de la perversion ? Mon regard se décrocha enfin de celui du rôdeur. C’est au bord d’un trottoir que je l’abandonnai, livré à sa terrible et insatiable faim. C’est au bord d’un trottoir que je laissai ces doutes, ces interrogations qui lestent les consciences.

Une voix grave résonna dans le silence des rues. Le hasard me mena jusqu’à son origine alors que je m’engageais dans une artère adjacente. Derrière une ligne éparse de rôdeurs affamés, je devinais un corps ayant chu sur le sol. Il bougeait, se débattait, il s’agissait d’un vivant. Je contournai le groupe de morts dans le silence le plus complet. L’un de leurs comparses faisait danser sa mandibule à quelques centimètres du visage ensanglanté de l’homme. J’empoignai brusquement le zombie par ses haillons puis le tirai en arrière, l’arrachant à son repas. J’enfonçai l’acier de mon Ka-Bar dans la base de son crâne, dégageai ma lame et le regardai s’écrouler lourdement à mes pieds.

J'enjambai sa carcasse pour rejoindre celui qui avait failli finir en quatre heures. C’est lorsque je lui tendis mon bras pour l’aider à se relever que je le reconnus. Glenn Fitzgerald. Une vague d’émotions mêlées me submergea. Mon cerveau savait, j’en étais convaincue. Il avait su dès que je m’étais suffisamment approchée de lui pour distinguer ses traits. Néanmoins, incrédule, j’avais refusé d’assimiler cette donnée, la confondant probablement avec ces hallucinations qui survenaient parfois lorsque la soif se jouait de mes perceptions. Je revoyais encore cette funeste armée de morts fondre sur la propriété qui abritait notre ancien groupe, ce groupe que j’osais à demi-mot qualifier de famille, de famille d’infortune mais de famille quand même. Depuis le chaos sombre de ce jour de juillet, j’avais enterré Glenn dans mon cimetière mental. Lorsqu’une scène, un détail m’évoquait son souvenir, j’allais porter une fleur sur sa tombe intangible. Je l’avais creusée là, aux pieds d’un grand cyprès. Il reposait depuis sous son ombre paisible aux côtés de tant d’autres que j’avais vu tomber.  Aux côtés de tant d’autres que j’avais cru tombés.

Les quelques fractions de seconde pendant lesquelles le choc accrocha mes yeux aux siens semblèrent tendre vers l’éternité. Son regard avait changé, les émotions qu’il transportait n’avaient plus la même teneur. Le mien tentait d'exprimer ce que je ressentais face à ces retrouvailles, ce que l'urgence de la situation m'empêchait d'affiner. En effet, le moment n’était pas à la psychologie. Le grognement insistant d’une charmante rôdeuse vêtue d’une robe à fleurs qui venait lourdement de s’avachir sur moi se chargea de me le rappeler. Je la repoussai d’un violent coup de pied dans le ventre puis enfonçai la lame de mon couteau en plein dans son globe oculaire gauche jusqu’à atteindre ce qui lui restait de cerveau. Je fis ensuite volte-face, positionnant mon dos contre celui de Glenn afin que nous puissions avoir à deux une vision panoramique des alentours. Je jetai un bref regard derrière mon épaule. Glenn était sérieusement blessé au visage, son sang maculait le béton. Je savais néanmoins ce dont il était capable. Pendant nos trois mois de cohabitation, nous avions combattu côte à côte des dizaines de fois malgré la faim, l'épuisement, la douleur et le désespoir. Nous avions toujours survécu. « Ca va aller ? Tu peux te battre ? » Je n’eus pas le temps d’attendre sa réponse. Un zombie avait profité de mon instant de distraction pour m’attraper l’épaule. Alors que j’étais occupée à lui régler son compte, je sentis soudain une brutale pression sur mon mollet qu’un autre rôdeur venait vraisemblablement de saisir. Sous l’effet de la panique, je ne parvenais pas à ôter ma lame qui était profondément enfoncée dans la boîte crânienne du premier. Je secouais simultanément ma jambe telle une damnée mais le second ne semblait pas décidé à relâcher son emprise. Des torrents de catécholamines se déversaient dans mon organisme, mon coeur battait si vite que j’en perdais le rythme. Comment derrière les hauts remparts de Lafayette avais-je pu me languir de cette danse avec la mort ?



❊ ❊ ❊





Dernière édition par Thalia Davenport le Dim 26 Mar - 17:46, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité

Invité
MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptySam 4 Mar - 13:58




 
{ it's happening so fast. }
 « I think human consciousness, is a tragic misstep in evolution (...) Maybe the honorable thing for our species to do is deny our programming, stop reproducing, walk hand in hand into extinction, one last midnight - brothers and sisters opting out of a raw deal. »

Messagers de la mort faméliques, efflanqués et esclaves d'une faim insatiable qui semblait les animer malgré-eux. Sous sa tête alourdie par la douleur et la crainte,  il sentit ses forces l'abandonner, son cœur palpiter et sa respiration s’accélérer. La mort. Il l'avait appelée et elle était venue à lui accompagnée de sa cavalcade de monstres assoiffés. Il était tombé à genoux devant elle, non pas dans un élan d'amour et de tendresse, mais comme devant l'ennemie qui l'avait vaincu. Dans un silence assourdissant de seule la mort connue, il pouvait lire dans le regard de la créature l'absence d'une once de pitié. Poupée de chairs et de crasses méphitiques, leur étreinte fatale avait un goût de rouille. Vision saccadée par le coup qu'il avait reçu, il serrait la gorge du rôdeur pour éviter de céder au baiser funeste qui était censé l'emporter. Une bataille opposant la vie conte la mort, l'humain n'étant plus le seul prédateur de la Terre, remplacé par ces créatures indignes d'être aimées. Son souffle putride venait chatouiller son odorat, la nausée aux bords des lippes ensanglantées. Il lui suffisait simplement d'abandonner, de lâcher prise et de mettre un point final à cette existence morbide et sans intérêt. Des mois à cavaler sans but, sans jamais savoir de quoi serait fait les lendemains. Plus de familles, plus d'amis pour qui pleurer. Pourquoi continuer à se battre pour cette vie là ? Des questions qui venaient s'entrechoquer dans ses songes abîmés, prenant alors une grande respiration, prêt à laisser tomber.

Ébranlement du néant et de Dieu, il crût l'espace d'une seconde voir un ange se dessiner sous ses iris. Le rôdeur balayé rapidement de son champ de vision, il plissa alors les yeux vers cette main tendue. Qui était-elle ? Pourquoi tant de beauté s'avançait donc vers lui ? Un avant-goût du paradis ? Lui qui pensait ne pas le mériter. Il tourna alors la tête vers sa droite, fixant un instant la tête décapitée d'un rôdeur qui continuait de s'animer. Il tentait de reprendre sa respiration, le râle angoissant des morts-vivants le ramenant malgré-lui dans cette réalité qu'il ne pouvait plus ignorer. Il se redressa tant bien que mal pour détailler la survivante qui venait de lui offrir une chance de s'en tirer. Des traits familiers qui venaient illuminer le regard brisé du barbu désabusé. Thalia. Illusion sadique ? Rêveries mensongères ? Il pensa un instant à un simple mirage causé par le coup reçu. « Ça va aller ? Tu peux te battre ? » La question de la brune était bien plus qu'une invitation à continuer. Cette voix venant lui rappeler un passé qui l'avait hanté jusqu'à aujourd'hui. Il l'avait crût morte, comme les autres. Des jours à la chercher, à vouloir revoir son sourire illuminé ce fameux été meurtrier. Le temps n'étant malheureusement pas aux retrouvailles, celle-ci luttant contre deux zombies qui ne semblaient pas vouloir abandonner non plus. Il ne pouvait pas la laisser, se traînant alors vers elle de la même manière que ces monstres décomposées. Il attrapa alors son sac à dos abandonné et puisa dans ses maigres forcer pour l'envoyer avec violence sur la créature rampante qui s'accrochait à son mollet. Il récupéra sa machette oubliée sur le goudron pour abréger les souffrances du rôdeur. La chaleur d'un feu qui lui consumait l'âme tandis qu'il se relevait pour libérer la belle de son étreinte fatale. Le zombie tomba alors sur le sol comme une vulgaire poupée de chiffons, le froid mordant d'une carcasse pourrie qui se vidait sous ses yeux. Seuls contre le reste du monde, à deux contre une armée impitoyable qui ne souhaitait pas capituler.

Glenn s'approcha alors de la brune, le visage ensanglanté et voilé d'une expression de surprise et de joie non dissimulée. Il avait envie de pleurer, d'hurler et de l'étreindre pour s'assurer que tout ça n'était pas qu'une illusion sadique venue le tourmenter. Il posa alors sa main tâché d'hémoglobines souillés sur la joue de la survivante, la serrant ensuite contre lui l'espace de quelques secondes. Des bribes de souvenirs remontèrent alors jusqu'à lui. Repensant à ce qu'ils avaient vécus des mois plus tôt tandis qu'ils tentaient de survivre à la fin du monde en compagnie d'autres amis grossissant désormais l'armée des morts. « J'arrive pas à y croire ... » Souffla-il tandis qu'il relâchait son étreinte. Ils n'avaient malheureusement pas le temps de se laisser aller aux émotions. D'autres cadavres attirés par l'odeur et le bruit se traînaient jusqu'à eux. Il avait l'arcade ouverte qui ne s'arrêtait pas de saigner, déshydraté, Thalia venait de lui redonner de quoi continuer.  « Faut qu'on dégage. » Attrapant alors la main de la survivante pour l'entraîner loin de cette route maudite. Où aller ? Il n'en avait aucunes idées. Il avait du mal à marcher, épuisé par le sang qu'il perdait, brisé à force de se cogner à cette existence impie.  « Tu devrais continuer sans moi, je vais te ralentir.   » Sa blessure à l'arcade le faisait souffrir et nécessitait des points de sutures d'urgence. Afflictions lancinantes qui raisonnaient dans toute sa tête, l'empêchant de bien voir et de percevoir le danger. Il venait à peine de la retrouver, pas vraiment prêt à l'abandonner, mais il ne voulait pas la voir tomber à cause de lui. Deux morts en sursis qui s'accrochaient péniblement à la vie. Elle vivait et il pouvait partir avec ce sentiment qu'il restait encore de belles personnes dans ce monde pourri.   

crédits ; nocturnals.
Revenir en haut Aller en bas
Thalia Davenport
Thalia Davenport

MEMBER ▴ EVERYTHING DIES.
▴ avatar : evangeline lilly
▴ inscrit le : 23/02/2017
▴ messages : 1076
▴ multi-comptes : Ivy Albrizio
▴ points : 3007
▴ sac : ▬ un stylo ▬ un carnet ▬ mon glock 19 ▬ mon couteau de combat ▬une bouteille d'eau ▬ une trousse de premiers secours ▬ un pot de beurre de cacahuètes entamé ▬ un talisman ayant appartenu à ma grand-mère ▬ une lampe de poche ▬ un couteau-suisse ▬ une polaire ▬ un foulard ▬
MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptySam 4 Mar - 19:43



it's happening so fast


❊ ❊ ❊



J’entendis derrière moi le cisaillement de l’air puis le bruit sourd et étouffé d’une lame s’enfonçant dans la matière organique putréfiée. Les vivants et les morts n’avaient pas la même consistance, n’opposaient pas la même résistance, n’émettaient pas le même son lorsqu’on les tranchait. Une vague de soulagement  me traversa lorsque ma jambe fut enfin libérée. Je saisis de ma main libre l’épaule du défunt rôdeur dont mon arme était captive et contractai mon biceps dominant tout en tirant en arrière mon couteau profondément logé dans son os frontal. Je grimaçai. Mon bras était encore convalescent, mes muscles atrophiés et mes tissus contus. Je parvins enfin à extraire mon Ka-Bar du crâne du cadavre amorphe qui se morcela le long de ses sutures, laissant le cerveau qu'il contenait couler jusqu’au sol. Je le repoussai de la main, il tomba à la renverse sur une pile de dépouilles en décomposition dont les sucs recouvraient le béton d’un film visqueux à l’odeur rance.  Une fois les dangers les plus immédiats éliminés, je pris une profonde inspiration et me retournai doucement, m’attendant à ne trouver derrière moi que la froideur d’un paysage urbain dévasté et dénué de toute vie ou bien la figure étrangère d’un homme aux traits différents de ceux que j’avais cru reconnaître plus tôt.

C’était pourtant bien lui. Glenn. A force de détailler les contours de son visage et de sonder ses yeux clairs,  mon esprit finissait par s’en persuader. Une onde de chaleur réchauffa mes entrailles lorsqu’il me serra contre lui. Mes doigts se rencontrèrent dans son dos, mes yeux se fermèrent et l’émotion vint crisper mon visage. Je me sentais envahie par un bien-être presque dérangeant. J’étais ces derniers temps plus coutumière des étreintes avec les morts. Mes contacts physiques avec d’autres humains étaient tellement rares que j’étais devenue hypersensible à la moindre marque d’affection. Le spectre de celle que j’étais avant de rencontrer Glenn vint me rendre visite derrière mes paupières closes. Avant de rejoindre son groupe, j’avais erré seule sur cette terre maudite pendant près de cinq mois, morte parmi les morts, peut-être même encore moins vivante qu’eux. Le sombre automate que j’étais alors avait perdu tout élan vital, tout espoir, toute volonté, y compris celle de mourir. J’étais rongée par un vide caustique et aucune émotion ne semblait capable de germer du terreau de mon psychisme aride, hermétique, anesthésié.  Avec eux, avec lui, j’avais appris à sourire, à pleurer, à ressentir à nouveau la rage, la peine, la joie. Malgré la fin tragique de notre clan, j’avais gardé au fond de moi l’optimiste certitude qu’il était possible de construire sur les ruines  instables de l’ancien monde une société permettant à ses membres de mener une existence valant le coup d’être vécue. Nous n’avions qu’à nous donner la peine d’en être les fondations, les artisans et le ciment.

Une fois l’étreinte rompue, j’examinai rapidement la plaie qui balafrait l’arcade sourcilière de Glenn et dont des filets de sang rouge sombre s’écoulaient en continu. Ses pupilles semblaient symétriques et il paraissait plutôt cohérent. Il avait néanmoins besoin de soins. La porte principale de Lafayette se situait à plus d’une heure de marche de notre position. En outre, je me trouvais en situation irrégulière, n’ayant pas dûment signalé ma sortie du camp. Si je me présentais devant les gardes à l’entrée avec un inconnu blessé, j’étais certaine d’avoir des comptes à rendre à la milice. Je gardais néanmoins cette solution dans un coin de ma tête, en cas de nécessité vitale. Les grognements d’intensité croissante me ramenèrent à la réalité. Glenn attrapa ma main, m’invitant à prendre le large. Je regardais autour de moi. Il me semblait bien avoir croisé une clinique vétérinaire non loin d’ici en rentrant d’une de mes missions de récupératrice. La nuit étant sur le point de tomber, nous n’avions pas eu le temps de l’explorer. Alors que je tentais de reconstituer l’itinéraire dans ma tête, le grand blond me conseilla de l’abandonner, arguant qu’il risquait de me ralentir.  J’osais espérer qu’il ne s’agissait que d’une figure de rhétorique et qu’il ne s’imaginait pas que j’étais réellement capable de m’exécuter. « Je t’interdis de jouer à ce jeu-là avec moi, Glenn. » Je le fixai d’un air grave pendant quelques secondes puis un sourire se dessina au coin de mes lèvres. Nous en avions vu d’autres, ce n’étaient pas quelques zombies et trois gouttes de sang qui allaient nous mettre à terre.

Je lâchai sa main et m’avançai vers la grappe de cadavres ambulants la plus proche. Dans une chorégraphie calme, précise et coordonnée, j’empalai le crâne des trois rôdeurs qui la composaient. J’essuyai ma lame souillée contre la chemise trouée de l’un d’eux puis me tournai vers mon ancien partenaire de survie. « Il y a une clinique vétérinaire à moins d’un kilomètre au sud d’ici.  » Je m’avançai jusqu’à lui puis passai son bras sur mon épaule afin de l’aider à se stabiliser tout en le guidant vers une ruelle perpendiculaire que j’espérais moins animée. Jugeant la zone suffisamment sûre pour y faire escale quelques instants, je m’arrêtai contre le mur d’une ancienne école. « Il doit me rester de quoi poser quatre ou cinq agrafes dans ma trousse de secours… ça ne sera pas une partie de plaisir mais ça t’évitera de repeindre toutes les routes de la ville en attendant qu’on trouve de quoi te recoudre. » Je sortis une bouteille d’eau de mon sac et la tendis à Glenn, l’invitant à se désaltérer.  Je venais à peine de le retrouver, il était hors de question qu’il me file entre les doigts. Je refusais obstinément d’accepter que le destin soit assez cruel pour me jouer un tel tour. Il survivrait à cette journée, il ne pouvait en être autrement.




❊ ❊ ❊





Dernière édition par Thalia Davenport le Dim 26 Mar - 17:47, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité

Invité
MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptyDim 5 Mar - 15:41




 
{ it's happening so fast. }
 « I think human consciousness, is a tragic misstep in evolution (...) Maybe the honorable thing for our species to do is deny our programming, stop reproducing, walk hand in hand into extinction, one last midnight - brothers and sisters opting out of a raw deal. »

Alourdi par le poids de la douleur, le blond traînait un corps fatigué, abîmé et marqué par les stigmates d'une survie âpre et solitaire. Si Thalia n'était pas apparue pour lui venir en aide, il serait certainement en train de grossir les rangs puants de cette armée purifiée. Les mois s'étaient écoulés depuis la fin tragique de leur ancien groupe. Il était mort le jour où cette satanée horde décima ses amis lors d'un juillet brûlant et entaché de sang. Tandis qu'il suivait d'un pas lent la brune, elle venait lui rappeler douloureusement ceux qu'ils avaient perdu. Plus particulièrement une vielle dame nommée Irène qui s'était sacrifiée pour que le militaire puisse avancer. Il revoyait à chaque battements de paupières cette femme se faire dévorer sous son regard larmoyant et impuissant. Sa vie n'avait pas plus de valeur qu'une autre, refusant désormais de prendre le risque de s'attacher de nouveau et de revivre cet épisode traumatisant. Il avait erré seul jusqu'à présent, fantôme des routes jonchées de cadavres et d'histoires qu'il n'oserait pas raconter. Thalia apportait avec elle un peu d'espoir et de chaleur dans son cœur abîmé. Elle lui donnait envie de continuer, de s'accrocher, qu'il restait encore du beau dans tout ce laid. Mais il était fatigué de marcher sur cette route encrassée, il voulait fermer les yeux et retrouver dans un monde meilleur tous ceux qui n'étaient plus là pour pleurer. Il n'était qu'un boulet accroché à la cheville de la trentenaire qu'elle traînait péniblement. Il proposa même de rester ici. De la retrouver plus tard bien que ses chances de survies semblaient minces sans elle. « Je t’interdis de jouer à ce jeu-là avec moi, Glenn. » Il soutint alors son regard, laissant se dessiner sur ses lippes un sourire qu'il lui renvoyait tout bonnement. Un soupir expié tandis qu'il continuait d'avancer malgré cette douleur qui ne voulait plus le quitter. « Si tu me l'interdit alors ... » Souffla-il presque amusé malgré le contexte alarmant qui nécessitait l'urgence de se mettre à l'abris. La main de Thalia glissa alors de la sienne et ils continuèrent d'avancer vers un destin moins ensanglanté — il l'espérait.

Ses doigts écorchés serraient avec hardeur le manche de sa lame tandis qu'il observait la survivante balayer la mort avec dextérité. Il prit alors le temps de l'examiner, remarquant qu'elle n'avait pas l'allure fangeuse de ceux qui vivaient sur ces routes dangereuses. Le blond était crasseux, une barbe laissée à l'abandon depuis des mois, les mains sales et les vêtements tachés qui rappelaient ceux des rôdeurs qu'elle dégommait sur son avancée. « Il y a une clinique vétérinaire à moins d’un kilomètre au sud d’ici.  » Glenn ne connaissait pas vraiment les environs, venant tout juste d'échouer dans cette citée abandonnée aux morts-vivants. Thalia s'approcha alors pour soutenir son ancien camarade de survie, s'appuyant alors sur elle en lui offrant un regard reconnaissant. Il fallait avouer que c'était agréable de retrouver quelqu'un sur qui se reposer un peu. Ils avaient traversés des épreuves qui avaient fini par les rapprocher. Malgré le temps passé, les cris et les pleurs, elle demeurait tout aussi forte et altruiste qu'au tout début. Le duo s'arrêta alors dans une ruelle épargnée par les rôdeurs, s'appuyant alors contre le béton pour souffler. « Il doit me rester de quoi poser quatre ou cinq agrafes dans ma trousse de secours… ça ne sera pas une partie de plaisir mais ça t’évitera de repeindre toutes les routes de la ville en attendant qu’on trouve de quoi te recoudre. » Une cicatrice de plus qui allait s'ajouter à la balafre qu'il portait sur sa joue. Une perspective pas vraiment alléchante pour lui. Mais il ne pouvait pas rester ainsi à inonder les rues de son précieux liquide vermeil. « J'ai hâte. » Un peu d'ironie ne faisait jamais de mal quand la situation était merdique. Il offrit un sourire amusé à la belle et accepta volontiers la bouteille d'eau tendue, buvant deux trois gorgées salvatrices pour sa gorge asséchée. « Merci. » Il rendit alors l'eau à sa propriétaire pour qu'elle se désaltère à son tour. Il ferma un instant les yeux et essuyale sang de son visage avec un tee-shirt anciennement blanc et désormais souillé de l’hémoglobine de ses ennemis.

Le blond hissa alors son sac sur l'épaule, serrant sa machette, prêt à reprendre la route vers cette clinique mystérieuse. Il laissa Thalia jouer les guides, marchant d'un pas harassé vers ce lieu où il serait peut-être soigné et en sécurité. « Tu es toute seule ici ? » Demanda alors le militaire qui marchait à ses côtés. Il espérait qu'elle ne soit pas l'unique rescapée de leur ancien groupe. Mark, Lydia, Irène, Will et Barry. Des prénoms qu'il n'osait plus prononcer. Survivre seul était compliqué, personne sur qui se reposer. Livré à lui-même dans une existence douloureuse et solitaire. Un choix. Mais comme remarqué un peu plus tôt, Thalia n'avait pas l'air d'une nomade encrassée comme il avait parfois l'habitude d'en croiser. Belle dans ce tableau profané par le rouge et le noir. Forte et déterminée à chaque pas qu'elle faisait. Il avait tellement de questions à lui poser. Un rôdeur déboula alors d'une ruelle étriquée, gémissements macabres qu'il ne pouvait plus supporter. Il le laissa s'approcher et l'évita au dernier moment, l'observant s'écrouler bêtement sur le béton. Il s'agenouilla et lui fit goûter sa lame avec un dégoût non dissimulé.

Après plusieurs minutes de marche, la clinique vétérinaire se dessina sous les regards verts des deux protagonistes. Glenn s'approcha alors de la porte pour toquer quelques coups. Il tendit l'oreille et n'entendit pas les râles dégueulasses des rôdeurs généralement attirés par le bruit. Silencieux, il entra le premier tout en restant concentré. L'entrée débouchait sur une salle d'attente abandonnée à la poussière et à la crasse. Un rapide tour des lieux et il fut soulagé de ne trouver que des cages abandonnées. Il fouilla dans les poches de son treillis pour sortir son paquet de clopes chiffonné. Il en proposa une à la brune avant d'allumer la sienne et de se laisser glisser contre le mur. Une scène presque pathétique. Un homme brisé par la vie, crevé qui luttait pour ses dernières bouffées cancérigènes. Le goût du tragique. Animal blessé, il leva son regard émeraude sur sa compagne d'infortune. « C'est quoi la suite du programme ? » Il expia un nuage de fumé avant de reprendre. « Couture et farniente ? » Un fin de sourire aux lèvres, il ferma les yeux et profita de cette pause tant méritée. Il n'était plus seul désormais. Une petite victoire dont il aimerait profiter, mais sa blessure commençait sérieusement à le faire chavirer, perdant pendant quelques instants connaissance.   

crédits ; nocturnals.
Revenir en haut Aller en bas
Thalia Davenport
Thalia Davenport

MEMBER ▴ EVERYTHING DIES.
▴ avatar : evangeline lilly
▴ inscrit le : 23/02/2017
▴ messages : 1076
▴ multi-comptes : Ivy Albrizio
▴ points : 3007
▴ sac : ▬ un stylo ▬ un carnet ▬ mon glock 19 ▬ mon couteau de combat ▬une bouteille d'eau ▬ une trousse de premiers secours ▬ un pot de beurre de cacahuètes entamé ▬ un talisman ayant appartenu à ma grand-mère ▬ une lampe de poche ▬ un couteau-suisse ▬ une polaire ▬ un foulard ▬
MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptyDim 5 Mar - 23:45



it's happening so fast


❊ ❊ ❊



Je regardai le grand blond se désaltérer avec ce mélange particulier d’avidité et de retenue caractéristique de ceux pour qui la soif est une compagne du quotidien. J’avais encore en mémoire la brûlure presque insupportable de l’eau au contact des tissus desséchés tapissant ma trachée suivie par l’irrépressible envie de boire, boire, encore boire jusqu’à en déborder. Détacher ses lèvres d’un goulot, l’organisme encore meurtri par une soif partiellement assouvie était une redoutable épreuve que je n’avais pas eu à affronter depuis plusieurs semaines, c’était l'une des souffrances quotidiennes de mon passé de survivante solitaire qui me manquait le moins. Je saisis la bouteille et en pris une petite gorgée, davantage par politesse que par réel besoin. Nous nous mimes alors en marche vers la clinique vétérinaire. Je croisais les doigts pour que mon sens de l’orientation quelque peu aléatoire ne nous fasse pas défaut. Nous progressions à allure modérée mais constante entre les immeubles laissés à l’abandon. Leurs façades noircies servaient de guide aux mauvaises herbes qui grimpaient le long du béton. Les murs n’étaient pas muets, çà et là avaient été laissés quelques messages de survivants à la recherche de l’un des leurs ou souhaitant simplement exprimer leur désespoir, laisser une dernière marque inspirée sur ce monde en déliquescence avant de se venir se fondre dans l’armée des morts. Leur lecture me laissait un goût amer au fond de la gorge, je préférais en détourner le regard. Ce dernier était de toutes les manières bien trop occupé à s’orienter vers le moindre froissement de feuilles, le moindre bruit sourd, le moindre son se distinguant au loin, sans même que j’y prête attention. Ma force musculaire avait peut-être été endommagée par ma blessure récente mais mes réflexes, mes automatismes et mes instincts semblaient intacts. J’étais rassurée de le constater.

Mon compagnon de route s’enquit de ma situation actuelle. Je m’attendais à devoir m’exprimer à ce sujet tôt ou tard. L’envie de rattraper le temps perdu ne me manquait pas, j’étais curieuse d’entendre son histoire et, quoi qu’il en soit, il s’agissait d’une conversation inévitable. Néanmoins, j’aurais préféré qu’elle se tienne dans des conditions plus sereines. Il s’agissait tout de même de Lafayette, il y avait tellement de tenants et d’aboutissants que je ne pouvais me faire l’épargne d’une précautionneuse réflexion avant de laisser quoi que ce soit franchir le seuil de mes lèvres. Bousculée par le choc et l’émotion de ces retrouvailles, je n’avais guère eu le temps de réaliser qu’elles changeaient drastiquement la donne, la mienne et la sienne. Etait-ce juste de l’inviter à rejoindre le camp alors que mon intuition me criait de le quitter, que mes passions m'intimaient de me lancer dans une révolution qui finirait probablement par me coûter ma place, voire ma vie ? Cela valait-il la peine de le bercer de douces illusions voire de le mettre en danger ? Quelles seraient ses intentions si je lui proposais de me suivre jusqu’à Lafayette ? Ne vaudrait-il pas mieux que nous reprenions la route, tous les deux ? Les interrogations fusaient dans mon esprit à mesure que les enjeux se dévoilaient. Or, le moment n’était absolument pas opportun alors que je devais sans cesse vérifier derrière mon épaule et m’assurer que Glenn ne s’écroule pas. Je balançai la tête. « Non, j’ai rejoint un groupe. C’est une longue histoire, je… » Un rôdeur vint interrompre cette conversation que j’étais ravie de voir remise à plus tard. Mon compagnon d’infortune se chargea de lui faire mordre la poussière. J’esquissai un sourire désabusé en le regardant s’effondrer sur le sol tel un imposant benêt. L’analyste que j’étais autrefois et qui avait dédié son existence à déjouer les habiles ruses et stratégies des ennemis de son pays était consternée à chaque fois que la vie venait lui rappeler qu’une armée d’êtres aussi stupides avait réussi à mettre le monde à terre.

J’esquissai un sourire soulagé lorsque je vis les contours de la clinique vétérinaire apparaître au coin de la rue. Nous nous engageâmes à l’intérieur de l’édifice et nous lançâmes dans un petit tour du propriétaire, sens aux aguets et doigt sur la gâchette. Une fois les lieux sécurisés, nous fîmes escale dans une petite pièce au sol recouvert d'un infâme linoléum vert et aux murs carrelés. Quelques cartons posés contre le mur attendaient d’être déballés, probablement depuis plus de quatorze mois. Quelques formulaires et protocoles parsemaient encore la paillasse entre deux petites poubelles remplies à ras bord d’aiguilles usagées. Glenn me proposa une cigarette, je déclinai d’un geste de la main son invitation. « Ce n’est pas parce que c’est l’apocalypse que je vais céder au côté obscur. » Je posai mon sac au sol et me mis à fouiller dans les placards tandis qu’il s’octroyait quelques instants de répit.  Un sourire se dessina sur mes lèvres lorsqu’il m’interrogea sur la suite du programme. « Je ne connais pas de meilleur moyen d’occuper une belle après-midi ensoleillée. » Accroupie sur le sol poussiéreux, j’ouvrais un à un chaque tiroir. Mon visage s’illumina lorsque je mis la main sur du matériel à suture. La découverte était inespérée, j’avais même le choix de la taille du fil. Cette alternative était largement préférable à la barbarie des agrafes. « On dirait que c’est ton jour de chance ! »

La réaction du grand blond se fit attendre. Une seconde s’égrena, puis une deuxième. Je tournai la tête vers lui, ses paupières étaient closes et son torse avachi sans aucun tonus contre le mur. Les braises de la cigarette encore fumante entre ses doigts commençaient à noircir le tissu de son pantalon. Je l’interpellai d’une voix vive. « Hey, Glenn ! » Secoué par une brutale décharge d’adrénaline, mon coeur se mit à palpiter. Je me précipitai jusqu’à lui, lui ôtai le mégot de la main et l’écrasai contre le sol puis me mis à le secouer par les épaules. « Glenn ? GLENN ? » La panique s’emparait de moi. J’étais à présent persuadée qu’il présentait les signes cliniques d’une hémorragie cérébrale. Il avait impérativement besoin d’un médecin. Je faisais ma maligne avec mes histoires de couture mais j’étais tout à fait incompétente. Je m’en voulais, je m’en voulais de ne pas l’avoir directement conduit à Lafayette. Ma stupide peur des représailles qui n’était rien d’autre qu’un parfait exemple de lâcheté était peut-être en train de lui coûter la vie. Il fallait absolument qu’il ouvre les yeux, je ne pouvais pas le perdre. Pas encore, pas de cette manière.




❊ ❊ ❊





Dernière édition par Thalia Davenport le Dim 26 Mar - 17:47, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité

Invité
MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptyLun 6 Mar - 14:30




 
{ it's happening so fast. }
 « I think human consciousness, is a tragic misstep in evolution (...) Maybe the honorable thing for our species to do is deny our programming, stop reproducing, walk hand in hand into extinction, one last midnight - brothers and sisters opting out of a raw deal. »

Un brouillard gris, plus infranchissable qu'un mur le retenait prisonnier. Un corps qui commençait à céder sous les multitudes de sévisses supportées quotidiennement depuis presque six mois. La faim lui rongeait l'épigastre, la soif lui brûlait la gorge et la fatigue semblait être une seconde nature chez lui. S'ajoutait à cette sombre liste une blessure à la tête qui semblait lui donner le coup de grâce. Pourtant il en avait vu des saloperies. La guerre, l'ouragan Katrina, l'épidémie. Trop pour un seul homme peut-être. Jusqu'où irait-il avant d'emprunter le chemin difficile du non-retour ? De la rupture ? Il avait beau sourire, dire que tout allait bien, son regard trahissait complètement ses états d'âme. Il n'était plus le géant optimiste et confiant que Thalia avait connu au début de leur survie. Il culpabilisait de ne pas avoir pu sauver les siens. Même si la brune avait survécu, elle lui rappelait tous ceux qui n'avaient pas eu cette chance. D'après les dires de la jeune femme, elle avait rejoint un groupe. Lafayette ? C'était le seul à sa connaissance dont il avait entendu parler. Il hésitait depuis plusieurs jours à se présenter devant ces murs synonyme de délivrance. La vérité étant qu'il avait peur de vivre à nouveau en communauté. La route l'avait changé. Animal désocialisé, fuyant les morts comme les vivants. Derrière chaque regards qu'il croisait se cachait une histoire qu'il n'avait pas envie d'écouter. Trop de souffrances, trop de peines, il en avait déjà suffisamment à porter. Pourquoi se noyer dans celle des autres ? Une ombre. Voila ce qu'il était devenu. Il errait dans les sombres ruelles aux mauvaises étoiles, récoltant les miettes d'une civilisation désormais oubliée. Une vie volée.

L'allure neurasthénique, il était posé contre le mur carrelé, les jambes étendues sur le lino vert qui récoltait le sang du barbu blessé. La clope aux bords des lippes, il observait Thalia retourner les tiroirs à la recherche de quoi panser cette plaie qui ne cessait de le tirailler. « Ce n’est pas parce que c’est l’apocalypse que je vais céder au côté obscur. » Le blond avait sourit. Lui il avait embrassé depuis longtemps les ténèbres à force d'avoir errer seul sur les routes parsemées d'horreurs et de rêves anéanties. La suite du programme ? Allaient-ils repartir ensemble vers une perspective plus joyeuse ou finir cette journée comme elle avait commencée ? Dans le sang et la morosité. « Je ne connais pas de meilleur moyen d’occuper une belle après-midi ensoleillée. » Il avait toujours aimé sa répartie. Elle arrivait à le faire sourire malgré cette douleur qui était en train de l'achever. Sa main tremblait, se brûlant le bout des doigts avec cette cigarette qui se consumait toute seule. « On dirait que c’est ton jour de chance ! » La voix lointaine de la survivante semblait raisonner comme un écho dont il n'arrivait pas à déterminer la provenance. Une vision qui se troublait tandis qu'il se laissait tomber dans un état de semi inconscience. Des yeux qui se fermaient, une respiration qui diminuait sous le rythme d'un cœur lassé de tambouriner. La fin ? Un sentiment presque agréable tandis qu'il se laisser sombrer dans les méandres glacées d'un évanouissement mérité. Plus de cris, plus de souffrance. Il lui suffisait juste de s'abandonner, de ne plus lutter pour continuer de ressentir cette tranquillités.

« Hey, Glenn ! » Il n'entendit pas la voix de la brune, perdu dans les limbes de son esprit. Tout ce chemin pour au final perdre de nouveau quelqu'un qu'il aimait. Elle l'avait traîné avec lui jusqu'ici, pas dans l'optique de la quitter à nouveau. « Glenn ? GLENN ? » Secoué, le blond ne semblait pas se réveiller malgré cette voix lointaine qu'il arrivait à discerner. Il ne pouvait pas l'abandonner encore une fois. Il voulait pas grossir la liste des gens qu'elle avait perdue elle aussi. Pour Thalia, il rouvrit alors les yeux, décidant qu'il devait vivre pour elle plus que pour lui. Des iris qui retrouvaient la morsure cuisante du jour avec douleur, plongeant ses yeux dans ceux de son amie aux traits voilés d'une quiétude qui semblait ne pas vouloir la quitter. Il tendit sa main pour toucher du bout des doigts ce visage qui l'avait hanté jusqu'à aujourd'hui. « Suis toujours là ... » Souffla-il tandis qu'il laissait retomber sa main le long de son corps fatigué. « Tu me l'as interdis, j'obéis. » Un sourire pour la rassurer malgré cette lutte éprouvante pour ne pas céder au repos sempiternel. Il irait certainement mieux une fois cette plaie refermée, ayant perdu trop de sangs depuis sa chute sur cette foutue route assassine. « Suis prêt va z'y. » Encore quelques minutes de douleurs et ça serait terminé. Pour aujourd'hui du moins.

Le militaire ne bronchait pas aux coups d'aiguilles de la brune sur son arcade défoncée. Ce n'était pas la première fois que du fil venait réparer sa chair abîmée à en juger par la balafre qui traversait son œil et terminait sa chute sur sa joue gauche. « Je t'ai cherché tu sais. » Avoua alors le blond qui revenait douloureusement sur ce mois de juillet. « Puis au bout d'un moment on arrête d'espérer. Il ne reste que ces routes aux vides immenses. La souffrance, la folie, la solitude. Ces heures, toujours ces heures interminables à chercher un peu d'humanité et quelque-chose à quoi se raccrocher. » Il plissa un instant le regard sous l'aiguille, immobile et calme malgré la morsure du pic grignotant sa peau. « Tu m'as manqué. » Finit-il par conclure en retrouvant le regard vert de la survivante. « Comment ça se passe pour toi ? » Lui, il n'avait pas besoin d'expliquer son quotidien. Son corps était marqué par la dureté d'une vie de nomade. Des mois qu'il n'avait pas partagé une conversation censée, perdu dans un nouveau monde qui ne laissait peu de place à la chaleur et aux civilités.   

crédits ; nocturnals.
Revenir en haut Aller en bas
Thalia Davenport
Thalia Davenport

MEMBER ▴ EVERYTHING DIES.
▴ avatar : evangeline lilly
▴ inscrit le : 23/02/2017
▴ messages : 1076
▴ multi-comptes : Ivy Albrizio
▴ points : 3007
▴ sac : ▬ un stylo ▬ un carnet ▬ mon glock 19 ▬ mon couteau de combat ▬une bouteille d'eau ▬ une trousse de premiers secours ▬ un pot de beurre de cacahuètes entamé ▬ un talisman ayant appartenu à ma grand-mère ▬ une lampe de poche ▬ un couteau-suisse ▬ une polaire ▬ un foulard ▬
MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptyMar 7 Mar - 21:08



it's happening so fast


❊ ❊ ❊



Rien ne venait troubler le silence qui s’était emparé de la pièce, pas même ma respiration qui était suspendue aux paupières de Glenn. Chaque seconde qui s’écoulait revêtait l’allure d’un véritable supplice. Ses yeux s’ouvrirent enfin. « Putain… » Mes mains se mirent à serrer ses bras tandis qu’un soupir de soulagement s’échappa de mes lèvres. « Ne me refais plus jamais ça. ». J’opinai du chef lorsqu’il m’annonça qu’il était prêt à subir les assauts de mon aiguille. Je me levai en silence et allai récupérer le matériel que j’avais laissé éparpillé sur le sol. Je jetai un dernier coup d’oeil autour de moi, je ne trouvai qu’un flacon vide de xylocaïne qui me narguait depuis la paillasse. La clinique vétérinaire avait vraisemblablement été dépouillée de tout ce qui s’apparentait à du matériel médical, à l’exception du contenu de ce fameux tiroir salvateur. J’invitai mon patient du jour à caler sa tête sur son sac à dos tout en sortant un petit flacon de chlorhexidine et quelques compresses de ma trousse de secours.  Je finis de préparer mon matériel puis versai le quart du contenu de ma bouteille d’eau sur mes mains afin de maintenir un semblant d’asepsie avant de me mettre à l’oeuvre. Une fois la plaie nettoyée, je mis l’aiguille incurvée en place sur le porte aiguille. « Dernière chance de prendre la fuite. » J’affichai un discret sourire au coin de mes lèvres tandis que mes sourcils se haussèrent. « Essaye de ne pas bouger si tu ne veux pas ressembler à Tony Montana. » J’attrapai la berge distale de la plaie à l’aide de la pince à griffe puis plantai l’aiguille dans les tissus avant de la faire ressortir au milieu de la blessure. Je répétai l’opération au niveau de la berge proximale puis enchaînai plusieurs noeuds en m’aidant du porte aiguille. Je finis par un coup de ciseau, ne pouvant m'empêcher d'avoir une pensée émue pour le vieux chirurgien qui m'avait enseigné cette technique et dont j'avais dû, quelques jours plus tard, abattre l'alter ego zombifié. Je n’avais plus qu’à répéter l’opération.

Mon niveau de concentration était maximal. Je m’appliquais consciencieusement, prêtant régulièrement attention aux réactions de Glenn. Il grimaçait à peine malgré mes gestes parfois hésitants. J'admirais son courage, moi qui ne pouvais m'empêcher de gémir, de pleurer ou de m'évanouir pour la moindre petite suture. Je venais d’entamer mon troisième point lorsqu’il rompit le silence, me racontant qu’il m’avait cherchée. Une chape de plomb vint alors lester mon coeur. J’interrompis brusquement la danse de mon aiguille dans sa chair tandis que mon regard vint se perdre dans le vide. Un sourire triste se dessina sur mon visage lorsqu’il  m’avoua que je lui avais manqué.  J’avais cru déceler dans le ton de sa voix et derrière ses mots une once de culpabilité, de remords qu’il me fallait à tout prix anéantir. Je ne pouvais pas le laisser se reprocher d’avoir abandonné, de m’avoir abandonnée. « Tu n’aurais pas pu me trouver. »

Tout était de ma faute. Si seulement je n’avais pas été si orgueilleuse, si seulement j’avais été capable de ravaler mon ego et de demander de l’aide, peut-être n’aurions nous pas été séparés. Je pris une grande inspiration. Mes mains se mirent à nouveau en mouvement, reprenant là où elles s’étaient arrêtées. « Tout était si confus ce jour-là.  L’adrénaline, le sang, la mort partout… J’ai tourné en rond autour de la maison toute la nuit. Je n’avais pas remarqué que j’avais une plaie dans le dos. Le lendemain, j’avais de la fièvre. J’avais mal, je ne pouvais pas voir. J’ai cru que... » J’avais alors pris la décision de fuir, d’affronter seule mon destin. Je ne supportais pas l’idée qu’on assiste à ma déchéance, qu’on me tienne la main pendant que je glissais doucement vers l’infâme monstruosité que j’avais passé les derniers mois à combattre de tout mon être. Mon visage se crispa. Evoquer le jour où j’avais fait mon propre deuil était particulièrement éprouvant. Les contours du corps de ferme abandonné où j’avais alors trouvé refuge à cinq ou six kilomètres de notre ancienne propriété se dessinèrent dans ma mémoire. Je me souvenais du froid qui me glaçait jusqu’aux os malgré la chaleur étouffante. Je frissonnais tellement que mes muscles peinaient à se contracter.  Au coucher du soleil, j’étais sortie sur le perron. J’avais chargé mon arme et placé le canon dans ma bouche. Mes mains tremblaient tellement que mes dents claquaient bruyamment contre le métal chromé. J’avais caressé la gâchette pendant de longues secondes mais je n’avais pas pu. Il me semblait que j’avais pensé à Glenn, que j’avais pensé à eux. Et à la Thalia d’avant, à l’automate, à la machine qui par pur pragmatisme n’aurait pas hésité à se faire exploser la boîte crânienne. Mon dernier souvenir avant que ma conscience ne sombre dans l’obscurité fut celui du goût salé de mes larmes sur mes lèvres. J’avais émergé plusieurs jours plus tard, quelques jours trop tard. Je  posai quelques instants mon regard dans celui du blond puis poursuivis tout en coupant les fils de mon troisième point. « Je me suis cachée pour attendre la mort en silence. Je l’ai attendue longtemps mais elle n’est pas venue. Je suis revenue mais c’était trop tard.  Je… je n’aurais pas dû partir. » Je n'avais pas voulu paraître vulnérable, tout simplement. J'avais joué avec ma vie pour une histoire d'orgueil. J'avais été absolument stupide.

J’attrapai une compresse imbibée de chlorhexidine et tamponnai la plaie qui continuait légèrement à saigner, bien que les quelques points déjà en place aient déjà bien avancé le travail d’hémostase. Glenn semblait vouloir entendre la suite de l’histoire, celle que j’avais commencé à lui raconter sur la route quelques minutes plus tôt. « Je me suis pris une balle il y a bientôt un mois. J’ai fait un pacte avec Lafayette, un camp construit sur le quartier ouest de la ville. Ils ont accepté de m’accueillir et de me soigner. » Je m’interrompis à nouveau.  Avant de poursuivre sur ce terrain glissant, il fallait absolument que je lui pose une question.  Je le fixai tout en fronçant légèrement les sourcils. « Les autres, ils sont… ? » Je balançai la tête, je connaissais déjà la réponse. Glenn était seul et il avait l’apparence d’un nomade. Les autres, je n’avais que peu d’espoir de les revoir un jour. Peut-être avais-je simplement besoin de l’entendre de sa bouche. Je replaçai mon fil et entamai un nouveau point.  J’avais les sutures en horreur mais j’aurais mille fois préféré ressentir la morsure d’une aiguille à vif dans ma chair plutôt que le mélange de remords, de dépit et de tristesse qui me rongeait à cet instant précis.




❊ ❊ ❊





Dernière édition par Thalia Davenport le Dim 26 Mar - 17:47, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité

Invité
MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptyMer 8 Mar - 17:18




 
{ it's happening so fast. }
 « I think human consciousness, is a tragic misstep in evolution (...) Maybe the honorable thing for our species to do is deny our programming, stop reproducing, walk hand in hand into extinction, one last midnight - brothers and sisters opting out of a raw deal. »

Des yeux qui se rouvraient sur une réalité qui lui était impossible d'ignorer. Dieu sait qu'il aurait aimé dormir pour toujours, loin de ce cauchemar qu'il subissait jours après jours. « Putain… » expia alors la jeune femme dont le juron arracha un fin de sourire au barbu. « Ne me refais plus jamais ça. » La main de Thalia s'accrochait au bras endolori du protagoniste qui retrouvait doucement sa perception  et  ses sensations. Une promesse qu'il ne pouvait pas lui faire, pas certain de pouvoir la respecter au vu de ce que la vie s'évertuait à lui faire avaler. Un arrière goût de bile dans la bouche, poussant un soupir fatigué tout en refermant les yeux pour se reposer. « Dernière chance de prendre la fuite. » Prêt à encaisser, le blond se laissa alors glisser sur le sol, la tête posée sur son sac en guise d'oreiller. « Essaye de ne pas bouger si tu ne veux pas ressembler à Tony Montana. » Un sourire. Il ne se souciait plus vraiment de son apparence depuis la chute de l'humanité. Une allure marquée par la dureté d'une vie d'exilé. Sa barbe le vieillissait et lui donnait une apparence froide et rustre. Un animal dépourvu de sensibilité. Il ne broncha pas quand elle commença sa couture brutale sur son arcade défoncée.                                                                                                     
Le fil glissait dans sa peau déchirée, raccommodant ce qui pouvait être sauvé tandis que le reste semblait être voué à la casse. Un esprit impossible à réparer, brisé par les épreuves que lui crachait honteusement la vie. La tête posée sur son sac, il fixait Thalia qui tentait de le rafistoler. Reconnaissant, les mots lui manquaient tandis qu'il respirait calmement malgré le tiraillement de l'aiguille qui déchirait son épiderme blessé. Il aurait aimé la retrouver dans des circonstances moins périmées, au-milieu d'un champ sous un soleil d'été à se remémorer les bons moments passés. Fatalité cruelle, ils semblaient destinés aux larmes et au sel sur les plaies. Le temps n'avait pas vraiment laissé sa marque sur la jeune femme qui demeurait physiquement inchangée. Ce regard vert qui ne laissait pas transparaître toutes les horreurs supportées. Belle dans toute cette merde qu'ils étaient obligés d'encaisser. Il repensa alors aux soirées près du feu qu'ils avaient partagés, ce groupe soudé et hétéroclite réunissant des gens qu'il n'aurait certainement jamais rencontré dans un contexte différent. A jamais liés par cet épisode douloureux, il ne voulait plus la perdre à nouveau. Il ferma un instant ses yeux pour se laisser bercer par les mots de son infirmière d'infortune. Des paroles qui ne chantaient pas des louanges, mais bien une histoire sombre dans laquelle il se reconnaissait.

« Tu n’aurais pas pu me trouver. » Il rouvrit alors les yeux pour capter les siens, n'arrivant pas à faire disparaître cette culpabilité qui n'arrêtait pas de le ronger. « Tout était si confus ce jour-là.  L’adrénaline, le sang, la mort partout… J’ai tourné en rond autour de la maison toute la nuit. Je n’avais pas remarqué que j’avais une plaie dans le dos. Le lendemain, j’avais de la fièvre. J’avais mal, je ne pouvais pas voir. J’ai cru que... » Que tout était fini. Il connaissait que trop bien ce sentiment qui venait le hanter chaque jours. Des frissons vinrent parcourir son échine tandis qu'il demeurait silencieux sous le récit de la survivante. « Je me suis cachée pour attendre la mort en silence. Je l’ai attendue longtemps mais elle n’est pas venue. Je suis revenue mais c’était trop tard.  Je… je n’aurais pas dû partir. » Elle revenait de loin. Il imaginait parfaitement ce qu'elle avait traversée. Il avait envie de la rassurer, de lui dire que rien n'aurait pu changer ce destin tragique. « On ne peut pas revenir en arrière. Tu as fait le bon choix et il t'a permis de rester en vie et c'est ce qui compte pour moi. » Souffla le blessé entre deux coups d'aiguille. Il avait vécu jusqu'à présent avec son fantôme sur la conscience, elle lui redonnait un peu d'espoir perdu sur cette route parsemée de souvenirs douloureux.

« Je me suis pris une balle il y a bientôt un mois. J’ai fait un pacte avec Lafayette, un camp construit sur le quartier ouest de la ville. Ils ont accepté de m’accueillir et de me soigner. » Glenn haussa alors son sourcil fonctionnel face à l'évocation de la balle. Il avait apprit avec le temps que les vivants pouvaient se montrer tout aussi féroces que les morts. Il voulait en savoir plus, mais Thalia le coupa dans son élan en évoquant leur ancien groupe. « Les autres, ils sont… ? » Le Celte resta un instant muet. Non pas pour jouer avec un suspens morbide, mais ne sachant pas vraiment comment lui annoncer la mort de leurs anciens camarades.   « Il ne reste que toi et moi. » Un aveux qui brisait une nouvelle fois son cœur bousillé. Il préférait lui épargner certains détails comme la mort atroce de Irène, l'ayant toujours pas encaissé. Il n'était pas prêt à raconter ce qu'il avait vécu cette nuit là. Les barrières défoncées par cette foutue horde, les corps déchiquetés de ses amis et ces longs mois à errer sans jamais savoir si il verrait un nouveau soleil se lever.   « Qui est le connard ou la connasse qui t'as tiré dessus ? » Osa-t'il demander pour changer de sujet. Il avait vraisemblablement pleins de questions à lui poser. Dont plusieurs qui concernaient Lafayette. « Ça fait plusieurs jours que je suis dans le coin à me demander si j'aurais le courage de vivre à nouveau en communauté. T'es la première personne que je croise qui est de ce camp donc tu pourras me donner un avis objectif sur son fonctionnement. » Après tout c'était pour cela qu'il avait traversé la Louisiane, pour trouver un endroit où il serait enfin en sécurité. Mais après tant de temps passé sur les routes, il n'était plus capable de vivre en société. Continuer et faire comme-ci rien ne s'était passé était tout simplement impossible.   

crédits ; nocturnals.
Revenir en haut Aller en bas
Thalia Davenport
Thalia Davenport

MEMBER ▴ EVERYTHING DIES.
▴ avatar : evangeline lilly
▴ inscrit le : 23/02/2017
▴ messages : 1076
▴ multi-comptes : Ivy Albrizio
▴ points : 3007
▴ sac : ▬ un stylo ▬ un carnet ▬ mon glock 19 ▬ mon couteau de combat ▬une bouteille d'eau ▬ une trousse de premiers secours ▬ un pot de beurre de cacahuètes entamé ▬ un talisman ayant appartenu à ma grand-mère ▬ une lampe de poche ▬ un couteau-suisse ▬ une polaire ▬ un foulard ▬
MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptyJeu 9 Mar - 19:17



it's happening so fast


❊ ❊ ❊




Un frisson glacé me traversa lorsque Glenn m’annonça ce que mon coeur savait déjà. Je hochai doucement la tête. Pas de choc, pas de surprise. Juste une supposition transformée en certitude. Mes gestes s’enchaînaient de manière automatique mais mon esprit s’était évadé, il s’était réfugié l’espace d’un instant dans l’intimité de mon jardin secret, celui qui embaumait le parfum des roses sauvages, celui où régnait un printemps éternel, celui où s’alignaient les tombes. Alors que je tournais symboliquement une page de ma vie, les visages de mes anciens compagnons d’infortune disparurent derrière un écran de flammes. Etait-ce à cela que ressemblerait mon existence désormais ? Des pages à peine lues soufflées par le vent, des chapitres refermés prématurément, des tomes qui s’enchaînent sans aucune logique jusqu’à ce que le livre soit achevé, probablement par une phrase tronquée ou des points de suspension ? Comment s’habituer au goût amer de ces au revoir quotidiens ? Comment transformer la crainte constante et viscérale de perdre un être cher en simple perspective, probable et tolérable ? Comment accepter le caractère éphémère de nos relations, de nos habitudes, de nos foyers ? Nous vivions dans l’ère du deuil permanent et nous en débutions le travail avant même d’en avoir perdu l’objet. J’aurais dû m’y habituer, j’aurais dû développer des stratégies pour rendre ce processus plus aisé. Lorsque je regardais les yeux émeraude de Glenn, j’avais pourtant le sentiment que plus je m’enfonçais dans les méandres de l’apocalypse, plus l’attachement que j’éprouvais vis-à-vis de mes semblables devenait profond, intense, essentiel.

Mon passé m’entoura de ses sombres tentacules lorsque le blond m’interrogea sur cette fameuse balle. Je fronçai les sourcils, laissant mon regard posé sur la plaie désormais refermée aux deux tiers. « Je ne suis pas certaine d’avoir bien vu son visage. Il pleuvait, il faisait sombre. Sûrement un voleur, on se fait tirer dessus pour un rien ces derniers temps. » Il s’agissait d’un mensonge. Il ne m’avait fallu qu’un instant pour reconnaître le visage de celui qui avait tenté de m’assassiner, car il s’agissait bien de cela.  Nous avions passé d’innombrables nuits blanches face à face dans l’antichambre de l’enfer qu’était le bureau poussiéreux de notre task force. Quelques instants avant que je ne passe de l’autre côté, j’avais déposé une tasse de café brûlant sur son bureau. Je crois qu’inconsciemment, je savais que sous ce geste se déguisaient nos adieux. Tout s’était ensuite précipité. Mes supérieurs avaient découvert mon intention de dévoiler leurs manigances à la presse, un agent du FBI m’avait évité de justesse l’arrestation pour haute trahison qui n’est jamais de bonne augure lorsque la loi martiale est en vigueur puis j’avais sauté dans ce train en direction du tombeau à ciel ouvert qu’était l’Alabama. Dès lors, Thalia Davenport, analyste du renseignement pour le compte du Bureau avait disparu. Il s’agissait initialement d’une question de sécurité. Aux prémices de cet enfer persistait en effet l’infime espoir de voir le gouvernement ou l’armée reprendre les rennes du pays. Je me comportais alors comme une fugitive. J’avais coupé mes cheveux, jeté mon téléphone, enterré mon identité pour devenir Meredith, celle qui n’est personne, celle qui n’a personne, celle qui ne vient de nulle part. Un jour de printemps, alors que je marchais entre les morts dans la rosée du matin, j’avais réalisé qu’il était vain de s’éreinter à survivre lorsqu’on existe pas. Je m’étais arrêtée au milieu des hautes herbes, j’avais frappé dans mes mains et j’avais laissé les rôdeurs approcher. J’avais senti leur souffle sur mon visage, la piqûre de leur putride pestilence dans mes narines puis leurs bras décharnés sur ma peau. Il ne m’avait fallu que quelques minutes pour les mettre tous à terre. J’avais vaincu Thanatos. Le destin m’avait fait rencontrer Glenn et les siens quelques heures plus tard. On m’avait demandé comment je me nommais, j’avais répondu Thalia et j’étais venue au monde une seconde fois. J’avais néanmoins continué à taire mon appartenance au FBI ainsi que mon rôle dans la gestion de la crise zombie, peut-être par habitude, probablement par honte; également car nos vies antérieures n’avaient plus aucune sorte d’importance. Tabula rasa.

La conversation se recentra autour de Lafayette. Glenn évoquait à demi-mot l’éventualité de rejoindre le camp et je ne savais comment me positionner par rapport à cela. Je n’avais que trop bien connu la rudesse de la vie qu’il semblait mener, elle avait laissé une marque indélébile sur mon corps et mon esprit.  Le priver d’une chance de vivre dans un relatif confort en lui dressant un tableau sombre de mon quotidien, teinté par ma propre vision des choses était à mon sens injuste. Néanmoins, il serait malhonnête de ne pas lui faire part de mes réserves, de mes doutes, de cette intuition si pressante qui ne me quittait pas. Je pris une profonde inspiration tout en commençant un énième point de suture. « Je ne sais pas Glenn… Je mange à ma faim, je dors la nuit, je peux même me laver tous les jours et pas dans une mare pleine de vase… » Je marquai quelques secondes de pause, remettant un coup de compresse sur la plaie. « Et je suis en vie. » Ma voix s’était étouffée en un murmure presque inaudible. La balle avait touché mon artère humérale, j’avais perdu tellement de sang que les stigmates de l’anémie se lisaient encore sur mes conjonctives. Je devais ma vie à Lafayette mais Lafayette n’était pas une entité indivisible. « Mais il y a quelque chose qui cloche sérieusement dans ce camp. » Je balançai la tête tout en fronçant les sourcils. « Il y a toutes ces règles, ce sécuritarisme, cette autorité froide… comment te dire, je me sens mal à l’aise, oppressée. Je ne pourrai pas vivre comme ça éternellement. »

La révolte ou la fuite, tel était mon dilemme. Il suffisait d’ouvrir les yeux et de tendre l’oreille pour se rendre compte que l’opposition au Conseil n’était pas si marginale. L’idée d’un soulèvement et d’un changement de régime me paraissait de moins en moins utopique.  Tout était possible. Peut-être me trouvais-je face à mon ultime chance de faire preuve de courage, de me battre pour ce que j’estimais juste, de me racheter pour tous ces compromis avec mon sens moral, pour toutes ces occasions manquées, celles où j’avais parlé trop bas, trop mal ou trop tard. Je pensais bien évidemment à mon attitude au sein de la task force. Combien de survivants étaient morts faute de nourriture, d’eau, de soins et de protection pendant les quelques jours où j’avais délaissé l’organisation des secours pour me consacrer en silence au sauvetage de quelques nantis ? Je sentais le feu qui commençait à embraser mon coeur et ma conscience. Je regardais Glenn, préoccupée. Il était là, désormais. Je n’étais plus la seule variable de l’équation. Il m’était difficile d’évoquer avec lui mes intentions encore intimes et embryonnaires. Néanmoins, je n’avais pas envie de l’enrôler dans un périlleux combat qui n’était pas le sien. Quant à la fuite… dans l’hypothèse où j’en vienne à opter pour cette alternative, je ne souhaitais pas qu’il renonce à faire partie d’une communauté pour me suivre. La situation se complexifiait.  Je coupai les fils de mon huitième et dernier point puis nettoyai le sang coagulé autour des berges désormais unies. « J’ai terminé. Tu n’as qu’un mot à dire et je me débrouillerais pour te faire rentrer à Lafayette.  Pas tout de suite par contre. Je suis sortie clandestinement, sans prévenir. Si je te ramène dans ces conditions, on risque de se faire exécuter tous les deux. » J’espérais que cet exemple suffise à planter le décor. Inutile de se bercer d’illusions, à l’intérieur de la cage dorée se cachait une dictature totalitaire.



❊ ❊ ❊





Dernière édition par Thalia Davenport le Dim 26 Mar - 17:47, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité

Invité
MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptyVen 24 Mar - 17:29




 
{ it's happening so fast. }
 « I think human consciousness, is a tragic misstep in evolution (...) Maybe the honorable thing for our species to do is deny our programming, stop reproducing, walk hand in hand into extinction, one last midnight - brothers and sisters opting out of a raw deal. »

Entre deux coups d'aiguilles, il perdait son regard dans celui de sa partenaire. Des yeux qui trahissaient les horreurs de la route. Le sang avait arrêté de couler, reprenant un peu de contenance malgré le tiraillement de l'acier dans sa chair. Il avait été prêt à abandonner quelques instants plus tôt. Désireux de mettre un point final à cette existence désuète et prosaïque. Thalia était sortie du néant, apportant avec elle un peu d'espoir qu'il avait perdu sur les routes parsemées de merdes. Les épaules alourdies par la peur et la crainte, plus assez de force pour porter le feu de l'espérance. Il écoutait son récit avec attention, sa voix semblant être plus qu'un réconfort pour l'exilé. Malheureusement les histoires qu'elle était en train de lui conter n'étaient pas de celles qu'on aimait écouter au coin du feu. « Je ne suis pas certaine d’avoir bien vu son visage. Il pleuvait, il faisait sombre. Sûrement un voleur, on se fait tirer dessus pour un rien ces derniers temps. » Silencieux, l'Irlandais songea alors à ce que ce nouveau monde avait engendré. La mort par les rôdeurs, la famine, la fin d'une civilisation. Comme le crépuscule précédent la nuit, les derniers feux de l'existence avant que la mort finisse par tout recouvrir. Pilleurs, violeurs, meurtriers. Pourriture, égoïsme et ténèbres. Plus rien de bon semblait se profiler à l'horizon, chacun pour sa gueule. Des années d'évolutions pour en revenir aux prémisses d'une humanité naissante. Les règles n'existaient plus et les hommes se battait pour des boîtes de conserves périmées. Ce monde méritait-il d'être sauvé ? Il avait envie de lutter lorsqu'il était aux côtés de Thalia. Elle lui donnait envie de rester debout et de préserver ce qui était beau. Généreuse, forte et altruiste, elle devenait synonyme de rareté sur cette Terre frelatée. Il aimait croire qu'elle n'était pas la seule, que d'autres continueraient à lutter contre la mort et son armée de cadavres assoiffés.

Si elle était debout, elle ne le devait pas seulement à ses compétences de survivante. Le groupe dont elle faisait partie devait avoir les ressources nécessaires pour lui permettre de tenir encore debout. Amaigri et déshydraté, il ne connaissait que trop bien la dure vie de nomade. Il espérait que Thalia avait trouvé un port assez sûr pour y jeter l'ancre du répit. « Je ne sais pas Glenn… Je mange à ma faim, je dors la nuit, je peux même me laver tous les jours et pas dans une mare pleine de vase… » Trois luxes qu'elle énonçait et dont il semblait désormais étranger. Son ventre criait famine, des nuits blanches aux pensées bien noires et une hygiène corporelle plus que négligée. Il rêvait de s'abandonner sous le jet brûlant de l'eau pour se laver de toute cette crasse et peut-être de ses péchés. « Et je suis en vie. » Il avait sourit. Car c'était tout ce qui importait sur l'instant. Elle était encore là pour lui raconter son histoire et l'aider à vivre quelques jours de plus. Sans elle, il ferait sans doute le festin de ces rôdeurs affâmés. « Mais il y a quelque chose qui cloche sérieusement dans ce camp. » Attentif, il préférait savoir rapidement dans quoi il risquait de s'embarquer. Si le retour en communauté semblait l'effrayer, il était encore moins emballé à l'idée de devoir obéir à des ordres donnés par une élite non votée. « Il y a toutes ces règles, ce sécuritarisme, cette autorité froide… comment te dire, je me sens mal à l’aise, oppressée. Je ne pourrai pas vivre comme ça éternellement. » L'espoir amené semblait s'être dissipé aussi vite qu'une douce brise d'été. Quitter la route pour s'enfermer dans un camp tout droit sorti de l'Allemagne Nazi ne semblait pas vraiment le convaincre. Connaissant Thalia et son intégrité, l'histoire qu'elle était en train de lui raconter ne pouvait être que la vérité. « Et bien ça donne envie tout ça. » Ironique, il était presque déçu d’entendre le constat de son alliée. Ne restait-il donc pas un endroit sûr où continuer à exister ?

Une fois le fil coupé, le blond poussa alors un soupir soulagé. Il ferma un instant les yeux, sa tête continuait de tourner et il avait besoin de manger un peu. « J’ai terminé. Tu n’as qu’un mot à dire et je me débrouillerais pour te faire rentrer à Lafayette.  Pas tout de suite par contre. Je suis sortie clandestinement, sans prévenir. Si je te ramène dans ces conditions, on risque de se faire exécuter tous les deux. » Glenn se redressa alors contre le mur, les jambes étendues et croisées devant lui. Il ne savait plus trop quoi penser de la situation. Il avait traversé des villes pour tenter de rejoindre ce camp. Mais la description donnée par la brune ne lui donnait pas vraiment envie de les rejoindre pour le moment. « Le seul mot que j'ai à dire c'est merci pour commencer. » Un regard franc, serrant pendant quelques secondes la main de sa compagne d'infortune. Il aimerait lui montrer sa gratitude, mais il n'avait rien à lui offrir hormis sa reconnaissance éternelle. « Je ne veux pas t'attirer des ennuis et je ne suis pas certain d'avoir envie de rejoindre une ville qui exécute ces habitants. Si c'est pour revenir au despotisme je préfère encore mourir libre sur la route. Je vais me trouver un petit coin pour me poser quelques jours afin d'y réfléchir. » Souffla-il en retrouvant le fond des yeux de la brune. « Mais il doit bien y avoir des gens qui s'insurgent contre ce système non ? » Tout régime totalitaire avaient des opposants. Il n'avait pas envie de croire que l'humanité en était réduite à se laisser faire ainsi. Pas vraiment certain d'avoir envie de vieillir dans un monde soumis.

Spoiler:

crédits ; nocturnals.
Revenir en haut Aller en bas
Thalia Davenport
Thalia Davenport

MEMBER ▴ EVERYTHING DIES.
▴ avatar : evangeline lilly
▴ inscrit le : 23/02/2017
▴ messages : 1076
▴ multi-comptes : Ivy Albrizio
▴ points : 3007
▴ sac : ▬ un stylo ▬ un carnet ▬ mon glock 19 ▬ mon couteau de combat ▬une bouteille d'eau ▬ une trousse de premiers secours ▬ un pot de beurre de cacahuètes entamé ▬ un talisman ayant appartenu à ma grand-mère ▬ une lampe de poche ▬ un couteau-suisse ▬ une polaire ▬ un foulard ▬
MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) EmptyDim 26 Mar - 17:42



it's happening so fast


❊ ❊ ❊




Il me remerciait. Glenn me remerciait. Un rictus vint crisper mon visage tandis que mes doigts se resserraient autour des siens. Je crus sentir mes yeux s’embuer. Il n’avait pas la moindre idée de la profonde reconnaissance que j'éprouvais à son égard et que je portais en moi à chaque instant passé à fouler cette terre maudite. Si j’avais refermé sa plaie, lui avait contribué à sceller les ténèbres qui s'étaient ouvertes sous mes pieds et qui menaçaient alors de m'engloutir toute entière. Le souvenir de ces heures troubles dormait d’un sommeil agité au fond de mon psychisme. Lorsqu'il se réveillait, souvent en sursaut et sans préavis, il imposait à mon âme d’insoutenables tourments. Je m'étais toutefois jurée de ne jamais oublier que, fut un temps, j'avais failli perdre ma capacité à distinguer le bien du mal. Je posai sur Glenn mes yeux lestés d’un air grave tout en fronçant les sourcils. Non, il ne savait pas. Comment aurait-il pu savoir ? Je n'avais jamais su exprimer avec aise mes sentiments. La simple perspective de m’exposer ainsi suscitait en moi une intime terreur. J’étais parfois trahie par un regard chargé d’émotion, un geste malhabile, un tressaillement dans la voix. Il m'arrivait d'éprouver un certain soulagement lorsqu'on parvenait à lire au delà de mes silences ce que je n'avais su exprimer. J’avais toutefois avec le temps, les épreuves, les trahisons perdu de ma transparence. En outre, la nature de ce que je ressentais à l’égard de Glenn était tellement complexe que son expression ne pouvait se soustraire aux nuances des mots. Non, il ne savait pas et ne saurait sans doute jamais. Je gardais mes sentiments prisonniers dans la citadelle impénétrable de mon esprit torturé. « Tu aurais fait la même chose pour moi. Tu aurais fait la même chose pour n’importe qui. » Une phrase bateau et un discret sourire comme barrage aux émotions qui me chamboulaient, je n’avais rien trouvé de mieux pour ne pas perdre la face. Non, il ne savait pas. J’aurais tellement voulu qu’il sache.

Je ne tardai pas à détourner le regard et à m’affairer, triant le matériel médical éparpillé sur le sol tandis que mon compagnon d’infortune poursuivait sur le sujet de Lafayette. Si c'est pour revenir au despotisme je préfère encore mourir libre sur la route. Les mots du blond me transpercèrent tel un coup de poignard en plein ventre. Je me figeai et plongeai un instant mes yeux débordant de désarroi dans les siens. Il s’agissait pourtant d’une évidence aussi limpide que de l’eau de roche. Il avait raison, il avait tellement raison que c’en était douloureux. Je m’étais perdue, encore. Glenn m’interrogea sur l’existence d’une quelconque amorce de résistance. Mon regard alla se perdre le long des fissures qui craquelaient le mur blafard. Je pensais à ces citoyens d’époques révolues qui avaient été les témoins des heures les plus abominables de notre Histoire et qui avaient laissé faire. Qu’il était facile de les mépriser ! Nous n’étions en rien différents de ces foules inertes et muettes. « Certains, oui… à voix basse, à demi-mot, dans le secret de leurs maisons. Tout le monde a peur. J’ai peur. » Avouer ainsi ma lâcheté me laissait un arrière-goût amer, celui de la honte qui me submergeait. « Peut-être que dans ce monde où nous avons tous vu, fait et subi des atrocités pour rester en vie, les gens sont moins enclins à mourir pour des idées. » Etait-ce ce qui se jouait en sourdine dans mon subconscient ? Je n’en étais pas persuadée, j’avais l’intuition que les éléments sous-tendant le conflit interne  qui me déchirait étaient bien plus complexes, personnels, intimes. Je balançai la tête. « Ecoute, je ne peux pas partir de Lafayette. Ils ne m’ont pas sauvée gratuitement, j’ai une dette à payer. Après… je ne sais pas. Tous les jours, je me retrouve à deux doigts de faire un truc très stupide. Et tous les soirs, je me dis qu’il y a des personnes et des choses dans ce camp qui méritent qu’on se batte pour elles. » Je ne me sentais pas l’étoffe d’un leader, je m’étais souvent engagée en faveur de causes qui me tenaient à coeur, j’avais parfois pris des risques et bravé des interdits mais j’avais toujours été un second rôle. A l’exception de l’épisode qui m’avait valu une accusation de haute trahison, peut-être. Prendre l’initiative et brandir en premier l’étendard de la révolte me pétrifiait. Ne pas le faire et m’embourber dans le statu quo me détruisait. La confusion régnait dans mon esprit. Je me sentais tiraillée de toutes parts tandis que ma conscience hurlait de douleur.

Je revins à l’instant présent. Le soleil était un astre prévisible, il finirait inévitablement par se coucher. Il me fallait être de retour au camp avant le couvre-feu et la nuit profonde n’était guère propice aux trajets en territoire hostile. Je n’arrivais pas à me résoudre à devoir bientôt me séparer de Glenn alors que je venais tout juste de le retrouver mais je n’avais pas particulièrement envie de passer la prochaine semaine en prison. En outre, il fallait que je fasse profil bas et que j’évite d’attirer l’attention de la milice. Quant à l’avenir, notamment à la présence du blond à mes côtés dans le futur, l’horizon semblait tellement brumeux et flou qu’il était vain de m’écorcher la rétine à tenter d’y voir clair. Glenn ne semblait pas particulièrement enthousiaste à l’idée d’intégrer le camp; une partie de moi était soulagée par ses réserves tandis qu’une autre le vivait comme un nouveau déchirement. Une autre encore ne supportait pas de le voir dans cet état et n'en avait que faire de la morale pourvu qu'il puisse être en sécurité et en bonne santé. Je sortis de mes affaires quelques barres énergétiques ainsi qu’une bouteille d’eau. « Dans tous les cas, sache que si tu as envie de te poser à Lafayette ne serait-ce que pour quelques jours, le temps de souffler… » Je laissai ma phrase en suspend et, sans lui demander son avis, j’ouvris son sac à dos puis y glissai les vivres issues du mien ainsi que le matériel médical encore exploitable. Je masquai un soupir. J’étais totalement bousculée, bouleversée, chamboulée par ces retrouvailles. Les sentiments contradictoires se mêlaient en moi, je m’en voulais de réaliser que mon existence était nettement plus simple quelques heures auparavant. Plus mon esprit tentait d’analyser la situation, plus je m’enlisais dans les méandres de mon ambivalence.



❊ ❊ ❊



Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

MessageSujet: Re: it's happening so fast (thalia)   it's happening so fast (thalia) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

it's happening so fast (thalia)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 

 Sujets similaires

-
» [RP LIBRE: Alekseï/Thalia] A difficult decision
» thalia davenport + 12/06
» THALIA VS ZOMBIES
» (thalia) Live Together, Die Alone.
» (thalia), all you have is your fire, and the place you need to reach
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
hearts still beating :: What happened and what's going on. :: dead things :: les rps :: rps abandonnés-
Sauter vers: