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 (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all

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Thalia Davenport
Thalia Davenport

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MessageSujet: (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all   (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all EmptyVen 3 Nov - 22:26



AND I'LL FEAR NO EVIL BECAUSE
I'M BLIND TO IT ALL

demetrius & thalia



Il me semblait que les jours étaient plus courts. A peine avions-nous désormais le temps de glaner quelques boîtes de conserve que le ciel se voilait déjà d’ébène. Et il y avait cette averse qui n’en finissait pas de tomber depuis la mi-journée, déversant ses torrents tiédasses sur la terre boueuse. Je sentais contre mon dos les aspérités du tronc avec lequel mon corps semblait fusionner et je relevais avec une certaine distance le caractère calme de ma respiration. Mon thorax se soulevait à peine; quant à ma fréquence cardiaque, elle restait étrangement modérée. C’était comme si mon corps ne répondait plus aux injonctions de mon esprit. Je savais rationnellement que la scène qui se jouait derrière moi était abominable, insoutenable, monstrueuse à plus d’un titre mais, comme si j’étais scindée en deux, je ne le ressentais plus. Je tournai la tête en silence et jetai un regard à travers le rideau de pluie qui me barrait la vue. Il y avait cette adolescente aux cheveux sombres qui ne trouvait plus la force de hurler, le pied pris dans un piège à loup et le visage en sang. Il y avait ces trois silhouettes qui s’agitaient bruyamment autour d’elle et l’un des hommes qui sous les rires des autres commençait à lui arracher ses vêtements. J’aurais voulu être envahie par l’urgence de fermer les yeux, j’aurais voulu ne pouvoir m’empêcher de crisper les paupières jusqu’à en voir des fractales mais il n’en était rien, pas un tressaillement, pas une décharge d’adrénaline, pas une palpitation. Juste une intense expérience de l’absurde sur laquelle glissaient quelques banalités, les jours plus courts et le climat plus rude.

Huit mois avaient filé. L’ère de Lafayette s’était achevée comme les rêves disparaissent au beau matin, ne laissant derrière eux que de floues réminiscences nimbées d’onirisme. Huit mois avaient filé et c’était comme si je revenais en arrière. La faim, l’épuisement, la solitude. La pluie, la forêt et le sang. Je revoyais encore les lourdes portes de Lafayette s’ouvrir au loin, laissant fuir dans le chaos le plus complet des centaines de survivants paniqués, talonnés par une horde de rôdeurs affamés. Ce jour-là, je rentrais en compagnie d’un groupe d’opposants au Conseil d’une mission clandestine visant à rapatrier des armes à l’intérieur du camp. Une exécution était prévue le lendemain à l’aube et nous avions décidé que le temps de la résistance passive était échu. Nous avions le sentiment que le combat que nous menions était nécessaire, fondamental, essentiel. Or, en une fraction de seconde, le fil des événements l’avait réduit en poussières, ravissant au passage mes ambitions, mes espoirs, ma raison d’exister. J’avais tenté d’approcher, de rejoindre l’intérieur du camp mais la réalité m’avait rapidement rattrapée. J’avais encore échoué, il n’y avait plus rien à sauver excepté ma foutue peau. En m’enfonçant dans les bois, j’avais pensé à Luke et au fait qu’il n’y avait guère plus que les caprices de la fortune pour permettre à nos trajectoires de se croiser à nouveau. J’avais senti quelque chose de fissurer à l’intérieur de moi, libérant l’ombre d’un remord juste avant que mon couteau ne vienne s’enfoncer dans un crâne en décomposition. C’était avec une impassibilité de façade que j’avais encaissé la chute de Lafayette, laissant les automatismes de la survie reprendre le dessus. En sourdine, pourtant, c’était un énième travail de deuil qui débutait. Huit mois avaient filé et c’était comme si je revenais en arrière, mais pas tout à fait. Je n'étais plus la même, j'étais érodée.

Je relevai les yeux vers le ciel encore clair et fixai quelques instants la lune naissante. Je m’étais fait la promesse de rester humaine, de rester celle qui se bat pour ce qu’elle estime juste, même si cette estimation avait ce jour perdu de sa saveur. Je chargeai mon Glock 19, fis volte-face puis un pas sur le côté. J’appuyai sur la gâchette et tirai dans l’épaule de l’agresseur qui laissa échapper un cri rauque avant de se rouler au sol. Une fraction de seconde plus tard, le plus trapu de ses collègues mit froidement une balle dans la tête de la gamine. Je sentis mon souffle se suspendre tandis que je braquais instinctivement mon arme devant moi. Pétrifiée, je laissai les deux hommes et leur furie s’approcher de ma silhouette de glace. J’étais incapable de faire le moindre mouvement, mon doigt restait sagement posé sur la gâchette. Aucun songe ne traversait plus mon esprit, pas même la projection de l’inévitable sort qui serait le mien si je ne parvenais pas à briser le carcan de la sidération. 






Dernière édition par Thalia Davenport le Lun 13 Nov - 1:32, édité 1 fois
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Demetrius Rosenbach
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MessageSujet: Re: (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all   (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all EmptyLun 6 Nov - 23:02

Demetrius avait convaincu Tobias qu’ils pouvaient aider. Le but étant au final de pouvoir rester. Ash pouvait aussi mettre la main à la pâte. Son compagnon avait des qualités propres à lui. Ils étaient complémentaires. Malgré tout, leur complicité en avait pris un coup. Qu’importe son désir d’être avec Ash : quelque chose le retenait. Il n’arrivait pas à faire la part des choses. Sasha était partout. Dans sa tête, dans toutes les fibres de son être. Parfois la nuit il l'entendait encore et se réveillait dans une réalité décevante et douloureuse. De quoi le tourmenter, lui qui était d’une nature fragile. Assez pour lui donner envie de partir. Quelques instants. Alors, il était parti avec les autres. Ash comprendrait. Ash savait les démons qui le rongeaient. Ils géraient différemment le deuil. Ils devaient se ressaisir. Ils n’avaient pas le choix. La mort était encore plus à leur porte depuis que ces individus semaient des pièges et des mots de menace à certaines personnes. Demetrius sentait le danger omniprésent. Aujourd’hui encore plus qu’hier. Chaque jour les ténèbres arrivaient de plus en plus à eux. Il avait assez vécu à l'extérieur pour comprendre l’urgence de faire des provisions. De se barricader à défaut de trouver des alliés. Ils devaient se préparer aux pires. Les maisons dans les arbres, ancien endroit de vacances, étaient un parfait sanctuaire. Ici, ils pourraient guérir. Tous ensembles. Ash et Demetrius n’étaient pas les seuls à avoir tout perdu.

Ils avançaient prudemment. Désarmant les pièges à ours. Les deux hommes qui l'accompagnaient ne parlaient presque pas. De temps à autres ils échangeaient des paroles. Mais le silence était d’or. Ceux qui bavardent ne survivent pas. Quand des coups de feu retentissent au loin : l’instinct de Demetrius le pria de faire demi-tour. Cela n’est pas l’avis des deux hommes qui s'élancent déjà sous la pluie battante. Sortant sa dague, il suivit le mouvement : hors de questions de rentrer sans eux. Il passerait pour un trouillard, un peureux et ne saurait se faire accepter.
La scène était de l’ordre du commun. Malheureusement. Une jeune femme seule. Des hommes autour d’elle. Mais heureusement pour elle quelqu'un avait décidé de s’en mêler. Demetrius ouvrir grands ses yeux en la reconnaissant sous la pluie battante.

« Thalia… »

Souffla-t-il d’une traite alors que ses comparses s’élançaient à la rescousse. Le docteur, qui n’était pas un homme d’action était tétanisé. Ce sont les grognements derrière lui qui le firent bouger. Se bataillant avec les morts, ce n’est qu’une fois ces derniers abattus qu’il rejoignit les éclaireurs. Ils tenaient en joue la jeune femme. Demetrius arriva et posa sa main sur leur fusil :

« C’est une amie. Elle était à Lafayette. » Il les repoussa et tendit sa main à la brune. « Je savais qu’on se reverrait. » Il l’aida à se relever : « Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu n’es pas là-bas ? »

Le docteur était parti presque du jour au lendemain, mais il n’avait jamais caché sa haine pour le conseil et la méfiance qu’il avait en la plupart des habitants de Lafayette. Il ne voulait pas de cette vie pour Sasha et la voilà six pieds sous terre et eux en vie. Cruelle ironie.

« On devrait rentrer, les rôdeurs vont venir. » Dit l’un des deux hommes. « Il est hors de questions qu’on ramène quelqu’un d’autre ! On a déjà assez d’étrangers ! » Demetrius soupira longuement : « Ce n’est pas une étrangère. Je la connais. Et elle sait se battre. On ne peut pas refuser des gens ayant ces compétences. » Ils grognent tous les deux et tournent déjà les talons. « Viens. On va te mener en sécurité. » Avec Thalia, ils ont eu leurs différents, mais ils étaient en paix. Enfin il l’espérait.
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MessageSujet: Re: (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all   (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all EmptyLun 13 Nov - 0:14



AND I'LL FEAR NO EVIL BECAUSE
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Il n’y avait que le sifflement du vent à travers les arbres dont les branches se délestaient de quelques feuilles à chaque bourrasque pour me distraire de cette intense et troublante sensation de déréalisation qui m’obnubilait. Je prêtais à peine attention aux deux hommes qui se hâtaient vers moi. Déstabilisés par mon absence de réaction, aucun d’eux ne pressa la gâchette. Le premier se contenta de me bousculer violemment. Je tombai lourdement au sol mais je ne sentis qu’à peine le choc de l’impact brutal de mon corps contre la terre humide. Je fronçai les sourcils. Mon comportement était une anomalie, une aberration, un écart aux règles fondamentales de ce nouveau monde. Une telle transgression aux lois de la survie était censée se solder par la mort du déviant, or je me tenais là, vivante, intacte, débordant d’une insolence involontaire face à cette sentence inappliquée. Je croisai brièvement la furie dans le regard de mes agresseurs, elle s’effaça néanmoins pour laisser place à la surprise et l’agitation. Je me retournai bien plus lentement que ce qu’imposait la situation. Deux autres individus avaient rejoint la fête. Je les regardai se battre avec une certaine distance, j’avais l’impression incohérente d’être isolée derrière une épaisse vitre. Je me concentrai sur la sensation des racines humides qui s’enfonçaient dans la paume de mes mains, sur les paresthésies qui commençaient à parcourir mes membres. Mes agresseurs prirent promptement la fuite, portant à bout de bras leur comparse blessé. Les deux autres me tenaient en joue, je les regardais à peine. Je laissais la pluie d’automne s’abattre sur mon visage, formant sur la pâleur de ma peau quelques colliers de perles.

Il fallut une figure familière pour me raccrocher à la réalité. Quelques secondes me furent nécessaires pour reconnaître les traits de ce médecin que mon esprit avais enterré depuis plusieurs mois. Je fixai longuement ses yeux clairs afin de m’extraire de ma torpeur, de m’ancrer dans le concret. J’attrapai enfin sa main et me relevai sans dire un mot. Lorsqu’il m’interrogea sur les raisons de ma présence en ces lieux, je me contentai de laisser se dessiner au coin de mes lèvres un rictus sans âme. Je l'écoutai ensuite plaider ma cause auprès de ses nouveaux compagnons d’infortune. Une partie de moi avait envie de lui faciliter la tâche en rétorquant que cela n’en valait pas la peine, qu’ils feraient mieux de passer leur chemin et de me laisser seule face à ma propre damnation.  Demetrius vantait mes prouesses mais je n’étais plus que l’ombre de moi-même. La flamme s’était éteinte avec la chute du camp et mes récentes péripéties avaient sonné l’apogée du règne de l’absurde. Peut-être n’y avait-il plus que la folie pour nous délivrer des tourments de ce monde dénué de sens. Je regardai les deux hommes s’éloigner en bougonnant, me faisant la cynique réflexion que je n'avais même pas eu l'élan de lutter pour ma propre perdition.

Le visage de la jeune fille dont j’avais scellé le destin quelques minutes plus tôt apparut comme un spectre devant mes yeux. J’étais coupable. J’étais coupable de sa mort et de bien davantage. Je choisis ce moment pour répondre aux interrogations de Rosenbach. « Lafayette est tombée. » L’information avait été délivrée avec une froideur glaciale. Je détournai le regard, ajustant les bretelles de mon sac à dos sur mes épaules. « Une horde s’est infiltrée par la brèche. Je leur avais dit que ça arriverait. » Quelques jours avant le drame, lors d’une réunion clandestine. Je rejouais depuis inlassablement cette scène dans mon esprit, laissant mes propos d’alors se nimber d’un halo prophétique. L’arrière-goût amer d’une culpabilité certes rationnellement peu justifiée ne tarda guère à me serrer la gorge. Je relevai le regard vers Demetrius. « Je croyais que tu étais mort dans la fusillade. J’ai déposé des lys sur ton lit. » Je ponctuai ce détail morbide d’un étrange sourire avant de me mettre en marche vers un avenir inconnu qui me laissait tragiquement indifférente.






Dernière édition par Thalia Davenport le Mer 31 Jan - 0:21, édité 2 fois
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Demetrius Rosenbach
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MessageSujet: Re: (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all   (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all EmptyLun 20 Nov - 14:10

Demetrius avait été témoin de la scène sans souhaiter venir en aide, mais voilà : quand les cheveux de Thalia sont apparus dans son champ de vision il est intervenu. Pourquoi ? Lui-même ne saurait dire. Peut-être car durant son séjour à Lafayette elle l'avait aidé. Ils s'étaient compris, trop tard probablement, mais ils avaient fini par s'apprivoiser. Ils nourrissaient les désirs de l'autre de mettre fin à la tyrannie du conseil : de renverser cette autorité injuste et autoritaire. S'il était parti avant que le glas ne soit sonné pour la communauté : il n'avait jamais oublié la jeune femme qui était à ses yeux digne d'être gardé en mémoire. Un honneur quand on connaissait le bougre et sa misogynie absolument ne pas cacher. Quant à nouveau elle fut tenue en joue, il décida d'intervenir. Il était hors de question qu'elle meurt sous ses yeux. Qu'ils exécutent une personne qui méritait de vivre à ses yeux. Demetrius était le premier connard que la terre est engendrée, mais il était un homme de parole.
La pluie collait ses vêtements sur sa peau et perlait au bout de ses cheveux. Il ne fallu que quelques paroles pour convaincre ses compagnons de baissers leurs armes et de la laisser en paix. Il pouvait déjà entendre la voix d'Ash dans sa tête lui demandant des explications. Demetrius se justifierait. Comme un grand, sans mentir ou sourciller. Ses paroles et ses actions n'étaient jamais à prendre à la légère. Dans les faits il avait beau être distant mais ce n'était pas un lâche. La hissant sur ses deux jambes : il prit soin de lui demander ce qu'elle faisait ici. Si loin de Lafayette. Il n'avait aucune idée alors de ce qui s'était passé là-bas.
Quand le couperet tomba, il laissa le silence s'installer.

"Pourquoi je ne suis pas étonné." Que pouvait-il d'autre ? Il savait que cette communauté ne survivrait pas longtemps. "Ils auraient dû t'écouter."

Thalia ne semblait pas non plus trop sous le choc : ou bien l'était-elle trop pour pouvoir réagir convenablement ? Demetrius ne saurait dire mais son regard ne la quittait pas. Elle, à la tête de Lafayette, aurait été parfaite. Il coinça son arme dans sa ceinture et mit ses mains dans les poches. La tête baissée.

"J'aurais préféré." Il marcha à côté d'elle, laissant la pluie le gelé jusqu'à l'os sans qu'il ne cherche à s'abriter ou à se couvrir. "Je suis partis avec Sasha durant. Je pensais pouvoir rejoindre le groupe que j'avais repéré, récupérer Ash chez les Horsemen d'une façon ou d'une autre et... Et survivre en paix avec eux. Mais les Horsemen nous ont attrapé."

Sa gorge se noua et il profita que la pluie coulait sur son visage pour laisser quelques larmes coulées. Silencieusement, seul un reniflement ponctua son sanglot avant qu'il ne se ressaisie. La douleur était toujours aussi intense, aussi forte. Rien n'apaisait son arme même s'il était passé maître dans l'art de la prétention. Faire croire à tous qu'il allait mieux. Voilà son nouveau but dans la vie alors qu'à la moindre occasion il se foutrait en l'air.

"Elle a été jetée dans l'arène pendant qu'ils me torturaient, faisaient Dieu sait quoi sur moi. Ash m'a trouvé. Il était l'un des leurs. Puis quand leur putain d'arène à brûler on est parti." Un souffle traversa ses lèvres : "Comment j'aimerais être mort dans cette cellule."

Une confession à celle qui marchait à ses côtés et qu'il considérait comme une amie. Sa seule. A tort probablement, mais il n'avait personne à part elle.

"Tu es la bienvenue pour rester dans le clan. J'ai plus de pouvoirs que les deux troufions le pensent." D'un coup de menton il avait désigné les deux hommes qui marchaient devant en rigolant : comme si tout ceci n'était qu'une blague. "Il n'y a rien aux alentours si ce n'est des walkers. Enfin... On a trouvé quelques mots inquiétant mais je suis certain que ce sont des Horsemen qui tentent de nous intimider."

Le doc releva la tête pour la regarder :

"Et toi, il t'est arrivée quoi ?"
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Thalia Davenport
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MessageSujet: Re: (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all   (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all EmptyDim 26 Nov - 0:42



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Il me paraissait tout à fait impossible de me détacher de l’étrange et désagréable sensation de légèreté qui m’enveloppait. C’était comme si j’avais été scindée en deux, comme si l’essentiel manquait, comme si je ne me reconnaissais plus. Ni moi, ni le monde autour; qui me semblait en effet de moins en moins familier. Je jetai quelques regards à Demetrius tandis que la pluie diluvienne glissait sur moi, incapable semblait-il de s’infiltrer dans ma peau et mes vêtements déjà saturés d’humidité. La présence de cet homme était la seule constante qui rendait un semblant de cohérence à cette réalité improbable et embrumée par les vapeurs de la confusion. Tenir une conversation après tant de jours de silence avait quelque chose de troublant, il m’en aurait néanmoins fallu bien davantage pour oublier totalement mes réflexes d’animal social. Un sourire désabusé se dessina sur mes lèvres lorsqu’il réagit à l’annonce de la chute de Lafayette. Les membres de la communauté auraient-ils dû m’écouter ? J’avais incité les dissidents à utiliser la brèche encore et encore, souvent pour servir mes propres objectifs. J’avais contribué à la maintenir ouverte, j’avais ma part de responsabilité dans la catastrophe. J’en avais parfaitement conscience, probablement trop pour mon propre bien.

Je me sentis frémir en écoutant le récit du médecin et je compris au ton de sa voix, à l’expression de son visage que Sasha était morte. Les histoires rapportées par ceux qui avaient croisé la route des Horsemen et qui, dans leur malheur, avaient eu l’incroyable chance d’en réchapper étaient plus insoutenables les unes que les autres. J’avais entendu parler de l’arène, de ces humains jetés en pâture les uns aux autres avec pour seule arme leur rage de survivre. Certains doutaient de la véracité de ces témoignages mais je n’avais pour ma part aucune réserve à les croire, ayant personnellement eu un avant-goût des atrocités dont ces individus sanguinaires étaient capables. Je ne pouvais occulter les images qui s’imposaient à moi, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer l’homme qui se tenait à mes côtés soumis à la barbarie la plus absolue. En posant à nouveau mes yeux sur lui, je sentis émerger malgré mon état d’anesthésie émotionnelle la douleur, l’effroi le déchirement, la peine. La sienne, la mienne, celle du monde. De manière lointaine, atténuée, enfouie, comme un hurlement dans l’eau mais néanmoins réelle, palpable, révoltante. Je détournai le regard en me mordant l’intérieur de la joue. Demetrius m’avoua qu’il aurait préféré mourir dans sa cellule et je laissai échapper un murmure à l’attention du néant. « Je crois que nous sommes tous déjà morts, nous sommes tous déjà morts tellement de fois… » Le silence s’installa pour quelques instants et je me laissai happer par le souvenir frais du visage de cette adolescente abattue par ma faute, du visage de la candeur anéantie. « Je suis désolée, Dem. Pour ce que ça vaut. » Pas grand chose. A peine une once de chaleur humaine émanant d’un coeur bientôt glacé. Un détail insignifiant comparé à l'enfer de ce qu'il avait vécu, de ce qu'il vivait encore, de ce qu'il vivrait jusqu'à la fin de ses jours.

Je ne m’imaginais guère rejoindre un groupe comme me le proposait le médecin. Je ne me sentais pas en mesure d’investir la somme d’énergie nécessaire à l’intégration au sein d’une communauté. J’esquissai un rictus. « C’est gentil, je… j’ai juste besoin d’une ou deux heures de sommeil. » Avant de répondre à l’appel de l'errance et de la solitude, un appel bien trop pressant pour être tout à fait sain. Rosenbach me demanda ce qu’il m’était arrivé. Vaste histoire, vaste et vaine. Je fronçai les sourcils. « On avait un plan. » Je me mis à hocher la tête alors que les souvenirs affluaient. « On était si proche de renverser le Conseil. Quelques jours de plus, ils nous aurait fallu quelques jours de plus…» Grâce aux mystères du hasard et aux actions menées par la résistance, le pouvoir en place était suffisamment affaibli pour céder. Et cédé il avait. Nous aurions pu construire quelque chose de beau, construire quelque chose tout court. Le sort nous avait volé toute perspective, nous rappelant violemment à notre statut d’objet de la fortune en nous imposant, à nouveau, l’expérience aliénante de la survie la plus rude. Mes lèvres se pincèrent. J’eus une pensée amère pour les ruines fumantes des jouissances d’un passé encore frais, pour le cadavre encore chaud de l’espoir exalté qui avait su naître d’une terre aride. Pour les projets inachevés, les combats avortés, les blessures d’antan qui ne seraient jamais guéries. Pour ces quelques instants où le coeur s’embrase, où il n’y a que la vie, la passion et le feu, pour ces quelques instants qui ne reviendraient plus car en toute raison Luke ne reviendrait plus. Le destin ne m'aimait pas assez pour cela. Et je songeai avec tristesse à celle que j’aurais voulu être, à celle que j’aurais pu vouloir être. A celle que je ne serai jamais. « J’avais un plan. » Mes yeux auraient pu s’embuer si j’étais encore capable de produire la moindre larme. Désormais, je n’avais plus rien, plus rien qu’une frêle étincelle en guise d’élan vital.




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Demetrius Rosenbach
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MessageSujet: Re: (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all   (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all EmptyDim 10 Déc - 14:02

Lafayette avait usé de toutes ses cartes. En quittant la communauté : Demetrius avait compris que ce n’était qu’une question de jours, de semaines avant que le camp tombe. Il avait vu juste. Se sentait-il affecté par cette nouvelle ? Non pas vraiment. Peut-être parce qu’il y avait seulement une poignée d’habitants qu’il avait apprécié. Thalia faisait partie de ce cercle bien que rien n’aurait pu prédire une telle amitié. Si on peut utiliser ce terme entre les deux. Probablement oui, parce qu’une part de lui était soulagé de la voir en vie. La preuve : il se confia sur ce qui s’était passé chez les Horsemen. Comment il avait survécu et Sasha périt entre les mains de ces enflures posant même la fatidique question : pourquoi était-il encore en vie ? Demetrius était bien trop fier pour abandonner malgré tout et même s’il avait envie d’abandonner : il continuait d’avancer alors que plus rien ne le retenait à cette vie. Ash et lui, c’était probablement terminé mais encore une fois il n’était pas prêt à abandonner.

« A chaque fois que nous perdons un être cher eh ? » Thalia avait raison. La raison flanchait à chaque nouvel enterrement justifiant pleinement de tomber dans une folie familière et confortable. « Merci. » Ce n’était rien. Elle n’était pas responsable.

Le doc hocha la tête, il lui avait proposé de rester mais il se doutait qu’elle refuserait. Pour l’instant il se satisfaisait de ce camp mais tôt ou tard il partirait. Ashton détestait cet endroit et il le savait mais Demetrius devait retrouver un semblant de réalité. Le fait est que soigner ceux qui sont dans le besoin était sa façon de rester en vie. De ne pas se laisser aveugler par le deuil et son désir de vengeance. Il devait rester rationnel. C’était le seul moyen de ne pas sombrer.
Thalia expliqua à son tour les morceaux manquants entre le moment où Demetrius est partit et le moment présent. Ils avaient un plan. Oui. Il en avait entendu parler et en aurait probablement fait partit s’il était resté à Lafayette. Il s’arrêta quand elle répéta pour la troisième fois qu’elle avait un plan. Il tourna les talons pour aller s’abriter dans une maison abandonnée. Sans dire un mot, il vérifia toutes les pièces avant de barricader la porte d’entrée.

« On devrait être en sécurité ici le temps que le temps se calme. »

Oui il avait laissé les hommes partir devant. Il connaissait le chemin et n’avait pas envie de rentrer tout de suite de toute façon. Thalia devait se reposer et l’amené dans le clan ne lui accorderait pas une minute de repos. Dans une des chambres, il trouva des vêtements secs. Il en attrapa quelques-uns pour elle et lui avant de revenir à ses côtés pour lui tendre.

« N’attrape pas froid. »
Pourquoi prenait-il soin d’elle ? Il ne savait pas. Au fond, est-ce qu’il devait avoir une raison ? « J’ai quelques boîtes de conserve dans mon sac. »

Et sans dire un mot de plus il s’installa dans ce qui était le salon et se changea. Il chercha et trouva deux épaisses couvertures. La nourriture sortit, il attrapa également dans la poche de sa veste sa flasque. Emmitouflé dans l’une d’entre elle : Demetrius se laissa tomber dans le canapé et s’alluma une cigarette et prit une longue lampée d’alcool.

« Tu sais où aller après ? » Une question comme une autre. « Si tu veux dormir un peu, je veille sur toi. »

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MessageSujet: Re: (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all   (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all EmptyLun 25 Déc - 21:59



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Nous laissâmes derrière nous la boue et l’averse pour nous réfugier dans une maison abandonnée. La bâtisse dont je n’aurais probablement pas remarqué l’existence sans le concours de Demetrius était dissimulée sous un rideau de pénombre, derrière la dense végétation qui pliait sous le vent. Je suivis machinalement le médecin, mon arme braquée devant moi. Les façades en bois étouffaient le bruit de la tempête qui faisait rage dehors. Je ressentais le silence relatif dans lequel nous avions soudainement été immergé·e·s avec une certaine lourdeur. Je regardais avec placidité Rosenbach barricader la porte d’entrée, contemplant notre duo improbable et ce huis clos qui mettait en exergue l’étrangeté de nos retrouvailles. J’avais à peine la présence d’esprit de songer aux raisons qui poussaient cet homme à faire preuve envers moi d’autant de bienveillance, encore moins celle de me préoccuper du sort des deux énergumènes que nous avions laissé nous distancer. Je rangeai mon arme, me laissant persuader par un simulacre de sentiment de sécurité. Je suivis ensuite des yeux les perles de pluie qui naissaient de la pointe de mes cheveux, glissaient le long de mes vêtements et s’échouaient au sol à intervalles réguliers, de nouveau happée par la sensation que mon corps n’était plus mien. Même l’écho de mes pensées me semblait étranger. J’étais à mon insu devenue une intruse dans ma propre chair et cette révélation n’avait de cesse de me frapper avec une violence qui ne semblait pas décroître.  

Je saisis les vêtements que me tendait le médecin. Il fut un temps où j’aurais immédiatement pensé à leur ancien ou ancienne propriétaire, laissant mon imagination me narrer ce que pouvait bien être son histoire mais il ne s’agissait ce soir-là à mes yeux de rien de plus que d’une vulgaire pile de textile. Je gratifiai l’homme d’un sourire de politesse, il semblait sincèrement préoccupé par mon confort et sa prévenance m’était presque insoutenable, comme le contact d’une tasse brûlante sur des doigts gelés. Sa présence me faisait pourtant un bien terrible. Je le sentais derrière l’enveloppe de glace qui avait à nouveau su m’anesthésier pour me laisser une chance de fouler quelques jours de plus cette terre maudite. Je m’isolai dans un recoin afin de me changer et, lorsque je reparus dans la pièce principale, je notai que Demetrius en avait fait de même. J’étendais nos vêtements trempés sur les chaises encore sagement rangées autour de la grande table en chêne lorsque l’odeur de la cigarette s’infiltra jusqu’à mes narines. Je pensai un instant à la manière dont ces plaisirs terrestres auxquelles nous avions tant coutume de nous raccrocher ne me procuraient guère plus qu’un infime et décevant réconfort. J’allai rejoindre Rosenbach sur le canapé, tirant la seconde couverture par dessus mes cuisses.  

La conversation s’initia de manière presque naturelle. Demetrius m’interrogea sur mes plans. Il ne s’agissait pas d’une question évidente, l’avenir étant une perspective sur laquelle je préférais ne plus miser. Me projeter au delà du prochain crépuscule me paraissait désormais fort téméraire. « Je ne sais pas. Il va faire de plus en plus froid, peut-être que je pourrais prendre une voiture et rouler jusqu’en Floride. » Je savais que je n’en ferai rien et que, malgré le gel et la pluie, la potentielle présence de Luke dans les parages me retiendrait en Louisiane jusqu’à l’hiver suivant. « J’espère que tu te sens bien dans ton nouveau groupe. » Il n’avait pas tout perdu. Telle était sa chance, telle était sa malédiction. Je relevai mes yeux vers lui lorsqu’il se proposa de veiller sur mon sommeil. Le souvenir de nos premiers échanges s’imposa à moi avec une certaine violence tant le contraste était saisissant. Il s’était adouci, je m’étais renfermée. Je laissai échapper un léger soupir. « J’aimerais ne jamais plus avoir à fermer les yeux. » Demetrius ne pouvait rien contre les ténébreux cauchemars qui me torturaient dès que je sombrais dans les bras vénéneux du sommeil. J’avais causé la mort d’une gamine ce jour et je savais qu’à peine mes paupières closes, mon inconscient me le ferait payer au prix fort. Je n’avais qu’à me réjouir, si mon coeur semblait inerte, ma conscience vivait encore.




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Demetrius Rosenbach
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MessageSujet: Re: (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all   (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all EmptySam 3 Fév - 16:27

L’envie de rentrer n’était pas là. D’autant plus que Thalia était apparue à nouveau dans sa vie. Il faut croire que le destin faisait bien les choses. Il n’avait pas imploré son Dieu depuis longtemps il semblait encore abattre dans sa vie des cartes. Il allait prendre soin d’elle. Rien ne l’obligeait à faire une telle chose et pourtant il allait tout de même agir de la sorte. Peut-être qu’ils n’auraient rien à se dire. Que le silence allait peser mais il s’en moquait : il ne faisait pas partis de ces personnes qui n’aimaient pas le calme. Bien au contraire. Il le cherchait à tout prix. Depuis leur fuite, Demetrius n’avait pas eu une seule seconde pour lui. Pour se ressourcer. Pour tenter de faire le point sur la situation et prendre une décision sur son avenir. L’amenant à l’abri, il entreprit de vérifier chaque coin de la demeure pour être certain qu’ils étaient en sécurité. Hors de question que quelque arrive à la jeune femme sous sa garde. Demetrius était certes un homme exécrable : mais il avait tout de même des principes. De tous les habitants de Lafayette : Thalia avait été la seule à ne pas lui sortir par les yeux.
Une fois certain que rien ne viendrait perturber leur repos, il chercha des vêtements pour Thalia et retourna à ses côtés pour lui tendre. Demetrius n’avait jamais pris le temps de s’apitoyer sur le sort de ceux qui étaient devenus des choses. Encore moins rentrer dans leur habitation pour se protéger. Emprunter des vêtements n’avait rien de dérangeant. Ils étaient morts. Dieu n’avait plus qu’à avoir la bonté de les pardonner et de les emmener à ses côtés. Il n’y avait rien qu’il pouvait faire et s’apitoyer ne les referaient de toute façon pas revenir à la vie. En attendant : eux respiraient encore et le docteur était bien décidé à prendre soin de la jeune femme. Après tout : c’était aussi faire honneur au serment d’Hypocrate bien que dans ce monde de désolation cela ne devait plus avoir tellement de sens n’est-ce pas ? Se débarrassant de ses vêtements trempés, il chercha de quoi se réchauffer. Trouvant deux épaisses couvertures : il en prit une et laissa l’autre pour Thalia qui ne tarda pas à revenir. S’installant confortablement avec sa cigarette sa flasque d’alcool une fois la nourriture sortit de son sac : il la regarda mettre à sécher son costume. Demetrius la laissa s’installer près de lui et lui demandé ses plans pour le futur. Lafayette tombé : avait-elle seulement un endroit où aller ? Il s’inquiétait oui. Parce qu’elle avait toujours été gentille à son égard là où les autres l’avaient jugé et malmené. Tout en l’écoutant il lui tendit son paquet de cigarettes ainsi que sa flasque et hocha la tête :

« Ce n'est pas con comme idée. » Même si la situation est partout la même. « Au moins tu seras loin des Horsemen. » Ce qui était également le désir d’Ash mais Demetrius ne pouvait pas se résigner encore à quitter le camp qu’ils venaient de trouver. Ils avaient besoin d’un doc et lui de se sentir utile. « Pas pire. Eux ou d’autres… Au moins ils ne sont pas violents et psychopathes. Aujourd’hui, est-ce qu’on a le luxe de demander plus quand on voit les énergumènes qui traînent ? » Après tout : il y avait pire et ça le docteur ne l’oubliait jamais.

Lui proposant de se reposer, il se doutait de sa réponse mais pour une fois Demetrius faisait preuve d’un humanisme qui ne lui ressemblait pas. Jamais il n’avait été comme ça. Pourtant, depuis la mort de Sasha : il n’était plus réellement le même. Etait-ce les conséquences de son deuil prolongé qui le rendait moins exécrable ? Dans tous les cas, Thalia devrait en profiter car il mettrait fin tôt ou tard à ce comportement faible.

« On sait tous les deux que ce n'est pas possible. » Il s’efforça de sourire : « Je suis docteur eh ? Je sais ce qui est bon ou pas bon. Si tu ne dors pas tu seras moins vigilante. Je ne t’obligerais pas à venir dans le camp ou je suis alors profite de pouvoir te reposer un peu. Même si tu ne dors pas. »

Demetrius tourna sa tête pour la regarder : « Crois-moi. Tu n’es pas la seule à ne pas pouvoir dormir. Mais ce n’est pas pour autant que tu ne dois pas essayer. » Il tira sur sa cigarette en reposant son regard sur le mur devant lui : « Toutes les nuits Sasha vient. me voir Elle me parle, me dit que je ne dois pas m’arrêter de vivre mais surtout que je dois prendre soin d’Ashton. » Il souffla longuement et baissa la tête : « Si je n’étais pas un lâche, cela fait longtemps que je me serais collé une balle dans la tête pour ne plus souffrir. Mais je suppose qu’on doit avancer eh ? Qu’on doit continuer de se battre. »

Le docteur regarda dehors avant de se lever. Il faisait encore jour alors il alla allumer un feu dans la cheminée pour les aider à ne pas attraper du mal. S’éloigner de Thalia était la réelle raison. Comme ça il pouvait essuyer d’un revers de manche quelques larmes qui avaient coulées à son insu.

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Thalia Davenport
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MessageSujet: Re: (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all   (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all EmptyMer 21 Fév - 22:42



AND I'LL FEAR NO EVIL BECAUSE
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Mon regard s’attardait à travers l’écran de fumée dont la masse nébuleuse estompait les contours du visage de Demetrius. Cette image faisait émerger en moi quelques réminiscences de mes premières heures à Lafayette lorsque, m’extirpant à peine du néant, je m’accrochais à ses yeux céruléens avant de sombrer à nouveau dans l’inconscience. C’était bien avant que je ne reconnaisse derrière ses traits l’un des individus les plus recherchés du pays. Je n’avais alors pas la force, pas la vigilance suffisante pour composer une forme aboutie de pensée, seules quelques émotions brutes mêlées à des perceptions feutrées parvenaient à secouer ma torpeur. Je me rappelais de ses yeux. Je me rappelais de leur étrange et bouleversante beauté, de l’énergie apaisante insufflée par l’âme qui se dissimulait derrière et dont je me nourrissais alors que je me battais pour ma vie. J’attrapai la flasque et la coinçai entre mes jambes puis fixai avec une certaine gravité le paquet de clopes qu’il me tendait. Un autre souvenir datant de la fin de l’hiver précédent s’imposa à moi et c’est la figure de Glenn qui vint occuper mon esprit. Je le revis me proposer cette cigarette que j’avais refusée, arguant que l’apocalypse ne me ferait pas céder au côté obscur. Mon ancien partenaire de survie que je croyais mort était brusquement réapparu dans ma vie à une époque où je m’efforçais encore de faire le deuil de sa disparition, avant de s’en évaporer à nouveau, tout aussi soudainement. Ces retrouvailles furtives avaient sur le moment ravivé ma rage de vivre. Une étincelle galvanisante avait jailli du contraste entre le fantôme de la noirceur caustique qui m’avait rongée par le passé et la fougue presque optimiste qui me soulevait alors et j’avais même cru discerner à l’horizon la perspective d’une forme de bonheur. Je me croyais sauvée. Sauvée des ténèbres par la chaleur d’une flamme que je m’étais promis d’entretenir et qui à la lumière de l’ironie sadique de la suite de l’histoire m’apparaissait désormais comme un stupide mirage.

Je n’avais jamais aimé fumer. J’avais même toujours été fière d’avoir échappé à ce vice terrestre qui emprisonne tant de mes congénères. Ce fut pourtant avec une triste satisfaction que je pris une cigarette dans le paquet de Demetrius, lestant ce geste d’une symbolique de provocation, de révolte contre la vie enveloppée d’un cynisme presque esthétique. L’apocalypse m’avait vaincue à nouveau et à nouveau je cédais au côté obscur. J’esquissai un sourire sans âme puis pris une gorgée d’alcool avant de rendre la flasque à son propriétaire. Je l’écoutais ensuite tenter de me convaincre de dormir. J’ignorais si sa sollicitude était celle de mon médecin ou celle de mon ami. Ce que je savais toutefois, c’était qu’il y avait quelque chose de changé chez Demetrius. Le ton de sa voix, son attitude, l’assurance derrière ses iris bleutés, peut-être. « Tu devrais faire attention Rosenbach, l’apocalypse te rend presque gentil. » C'était presque une boutade. Demetrius savait que j'appréciais sa franchise et son incapacité à faire preuve d'hypocrisie et de mièvrerie. Je savais que le respect mutuel qui nous liait et tendait progressivement vers une forme d'affection était d'une authenticité sans faille. J’allumai ma cigarette et tirai trop fort dessus, laissant la fumée brûler ma trachée, violer mes valeurs et parapher ma condamnation. Demetrius parlait de Sasha et de son spectre qui hantait ses nuits. Il parlait d’Ashton, cet homme chanceux qui semblait à lui seul donner un semblant de valeur à son existence. ll parlait de ce combat constant entre la vie et la mort, entre Eros et Thanatos. Ce combat avait laissé ses stigmates sur chacun de nous et l’on pouvait aisément sentir le poids qui alourdissait les propos, les soupirs de Demetrius. S’il semblait ce jour-là pencher du côté du premier, j’avais pour ma part pris le parti du second.

Je pris une nouvelle bouffée de cigarette tandis que mon compagnon d’infortune se levait pour s’occuper du feu. Je me laissai tomber contre le dossier du sofa, m’enfonçant davantage dans l’assise tandis que mon regard vide fixait le plafond. Je laissai quelques secondes s’égrener. « Je me suis foutu le canon de mon flingue dans la bouche il n’y a pas si longtemps. Avant Lafayette. »  Je croyais que j’avais été mordue, j’étais fébrile et souffrais  d’une blessure dans le dos que je ne pouvais inspecter. J’étais seule, j’avais peur. Je ne voulais pas être le témoin de ma propre déchéance, j’avais besoin de garder une forme de contrôle. Lorsque je m’étais réveillée à l’aube avec mon arme chargée sur mes genoux, le crâne intact et la fièvre passée, j’avais été gagnée par une forme d’exaltation, persuadée d’avoir échappé au pire. Aux pires. J’avais tort. Nous étions tous condamnés. Nous étions tous des infectés en puissance. Notre destin scellé par l’histoire naturelle était désormais de rejoindre l’armée des morts. La seule façon d’échapper à cette malédiction était d’en être délivré par la volonté humaine. La sienne, celle d’un autre. La question du suicide pouvait sembler davantage brûlante à travers le prisme anxiogène produit par une blessure suspecte mais elle n’en était pas plus légitime que la veille ou le lendemain. La déchéance lente et silencieuse d’une âme qui se corrode au contact d’un monde caustique et insipide à mesure qu’elle approche de l’insoutenable n’est pas moins laide à voir. « Tout à l’heure, juste avant que vous n’arriviez, j’ai laissé ces types se jeter sur moi. Je suis restée immobile. Je savais qu’ils allaient… Je savais et je m’en foutais. » Plus précisément, la situation n’avait provoqué en moi qu’un sentiment détaché d’indifférence. Je n’avais pas réellement le souhait de mourir mais je ne savais guère plus si j’avais envie de vivre.





Dernière édition par Thalia Davenport le Lun 9 Avr - 23:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all   (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all EmptySam 10 Mar - 18:02

Demain, ils pouvaient tous les deux crevés la gueule ouverte. Mais aujourd’hui, aujourd’hui, ils étaient en vie et rien que ça c’était une victoire. Demetrius ne s’en était jamais réellement rendu compte jusqu’à la mort de Sasha. Depuis qu’il avait perdu sa fille de cœur : il avait perdu le goût de vivre. Déjà qu’il avait toujours eu du mal à se raccrocher à cette dernière : les choses devenaient de pire en pire ; et si avant Ashton était à ses côtés : l’écart entre eux ne faisait que se creuser. Il était fautif, cela ne faisait aucun doute et il ne cherchait même pas à le nier. Il assumait complètement le fait que c’était un vrai connard avec tout et tout le monde, mais surtout son compagnon de route. La colère qu’il avait contre lui-même sortait de la façon la plus maladroite qu’il soit. À l’image de son père ingrat, mesquin, violent et vil : Dem se défoulait sur son entourage. Les chiens ne faisaient pas des chats. Croire qu’il était différent de son géniteur avait été une lourde erreur. Il n’était pas mieux et si la logique était suivie : il serait probablement pire. Et cette idée lui donnait envie de coller son flingue dans sa bouche pour se faire sauter la cervelle et être certain de ne pas manquer son coup. En attendant, Thalia était à ses côtés alors ses plans pour s’arracher la vie attendront.
Savourant le bâton de nicotine, il laissa la drogue s’insinuer dans son organisme pour atteindre ses nerfs et l’aider à se détendre. Que ferait-il dans ses cigarettes ? Demetrius savait qu’un jour, plus tôt qu’il ne le pensait, il devrait s’en passer et cette idée lui donnait encore plus envie de mourir. Il ne pourrait pas tenir. Il n’était pas si exécrable que cela justement à cause de la cigarette. Si on lui enlevait ça : il deviendrait un véritable enfoiré. Pourtant, il en proposa une à Thalia. Pourquoi ? Il ne savait pas trop mais ne voulait pas réellement se poser la question. Il fut un temps où elle aurait probablement adoré le tué ou mieux : le capturer pour lui sortir les vers du nez. A défaut de pouvoir le faire prisonnier, elle avait été son patient. Il avait pris soin d’elle. Pas forcément de son plein gré mais cela n’était pas important. Buvant une longue gorgée une fois la flasque reprit, il grimaça.

« Tsss ne pousse pas ta chance joli cœur. » Il eut cependant une risette amusée : « Tu as su gagner mon respect je te rappelle. Tout du moins tu m’as assez convaincu pour que j’aie envie de te sauver. » Pour sure que si jamais il n’avait pas porté un tant soit peu la demoiselle dans son corps il l’aurait laissé passer l’arme à gauche.

Thalia devait dormir. Demetrius n’avait pas envie de fermer ses yeux et ce soir il savait qu’il pourrait dormir sur ses deux oreilles car ils avaient un camp. Ash ne le supportait pas : mais ça les gardait en vie. Qu’est-ce qui comptait de plus aujourd’hui ? La vie était la seule monnaie qu’ils avaient. Il devait donc l’économiser et la converser. Il se leva et fit en sorte que le feu continue de les réchauffer. Il resta quelques instants devant le foyer, le regard perdu dans les flammes. Il ne pouvait pas juger Thalia. Il avait lui-même collé le canon de son arme contre sa tempe.

« Je ne connais personne, d’encore en vie, qui n’a pas déjà fait ça. Y a pas de honte à avoir. » Il tira sur la cigarette et la retira de ses lèvres pour souffler la fumée. Et puis elle avoue. Thalia aurait laissé faire ces connards. Demetrius ne répondit pas tout de suite. Il laissa les bûches crépitées sous la chaleur du feu. « Tu peux encore être utile dans ce monde. Sinon Dieu t’aurait déjà rappelé à ses côtés. » Sa voix était grave. « Tu sais te battre et la Thalia que je connais n’abandonnerait jamais. » Il tira à nouveau sur sa cigarette avant de se tourner pour la regarder : « Les laisses pas gagnées. » Il alla se réinstaller près d’elle et mit la moitié de sa couverture sur le corps de la demoiselle pour ne pas qu’elle attrape froid. « Ash ne supporte pas le nouveau clan où on est. Alors que la zone est sécurité. On est en hauteur. On est bien. Mais… Il n’a pas confiance. Il a peur que les Horsemen reviennent parce qu’ils ne sont pas loin. » Il souffla. « Je pense qu’on va bientôt partir. Tu veux te joindre à nous le cas échéant ? On pensait partir vers le Sud ? » Il gratta sa barbe de quelques jours : « J’ai fait des calculs : dans les pays chauds les walkers ne peuvent pas rester longtemps debout. La chaleur accélère la putréfaction. »
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MessageSujet: Re: (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all   (demetrius) ▬ And I'll fear no evil because I'm blind to it all EmptyLun 9 Avr - 23:22



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Le doux crépitement du feu dans l’âtre et la lumière tamisée dotaient presque l’atmosphère d’un charme plaisant. J’avais quelque peu la sensation d’avoir réchappé à un terrible naufrage et d’être en train d’attendre patiemment dans la cabine d’un bateau de pêche, les épaules recouvertes par un amoncellement de couvertures rêches et trouées, que mon sang se réchauffe et que mes engelures passent. Ce n’était pas seulement les flammes dans la cheminée et le goût enivrant du whisky. Grâce à la présence de Demetrius, je me sentais en relative sécurité et n’avais plus à dédier l’intégralité de mes ressources physiques et mentales à ma propre survie. A mesure que nous conversions et sans que je ne puisse en percevoir davantage que la chaleur d’un foyer ardent, il y avait probablement quelque chose en moi qui cicatrisait. Je rendis son sourire à Rosenbach lorsque ce dernier évoqua les raisons pour lesquelles il m’avait sauvée. Je me permis de rétorquer en soulevant l’élément dont l’omission m’aurait semblé constituer une forme de malhonnêteté. «  J’ai su gagner ton respect avec des mensonges. » Je m’étais jouée de tout le monde à Lafayette. J’avais rusé pour sauver ma peau et j’étais parvenue à mes fins. Les lourds secrets que je dissimulais au camp s’étaient évaporés avec lui, leur seul dépositaire se trouvait devant moi. Je tirai doucement sur la cigarette tout en haussant les sourcils, l’air sarcastique. « C’est certainement une forme de talent respectable de nos jours. » Je songeai un instant au cours des choses. Moi qui pensais fuir au plus vite cette microsociété despotique que je jugeais détestable une fois mes blessures pansées et ma dette remboursée,  j'avais fini par comprendre que je m’étais infiltrée à Lafayette comme un cheval de Troie inconscient et aveugle.

J’ignorais les rouages profonds qui m’avaient amenée à me confier de manière aussi intime au médecin. Les aveux qui m’avaient échappées me délestèrent d’un poids mais eurent surtout le mérite de mettre en exergue l’extrême et redoutable banalité de mes tourments. Le son de mes mots dans l’air et le reflet que m’en renvoyait Demetrius me permettait de les arracher à l’opaque labyrinthe de ma psyché, de les libérer du prisme de mes représentations tortueuses. Je repris  à nouveau une bouffée de cigarette, laissant la fumée me brûler la trachée. Je n’avais pas réellement le souhait de mourir mais je ne savais guère plus si j’avais envie de vivre, avais-je pensé plus tôt. Ces mots se heurtèrent à ceux de Demetrius. Je lui lançai un bref sourire lorsqu’il remonta la couverture sur moi. Je savais que je pouvais encore être utile, que j’étais en mesure de me battre. J’étais devenue un outil parfaitement taillé pour ce nouveau monde, je pouvais me targuer d’être un atout mais qu’en était-il de ma volonté ? Qui laissais-je gagner, après tout, en me retirant ? Les rôdeurs, ces pauvres automates sans conscience ni âme ? La mort ? La nature ? Et qui laissais-je perdre ? Les humains dont il ne restait plus - à quelques exceptions près - que la quintessence de la cruauté et de l’horreur ? La vie, peut-être.

Tout n’était que perception. La nature de mes productions mentales était en mesure de teinter chaque expérience et d’infléchir radicalement le cours des événements. Je savais rationnellement que j’avais le pouvoir de retourner la situation, de renverser la machine, d’initier un cercle vertueux même si je n’en ressentais au fond de moi ni le besoin, ni l’envie, ni l’intérêt. Je ne ressentais presque plus rien, alors il me faudrait feindre. Feindre jusqu’à ce que l’envie revienne, peut-être. Il fallait que je me façonne un nouveau destin, que je me dessine une mission en mesure de transcender ma propre existence. Lafayette avait été une opportunité servie sur un plateau d’argent, j’avais à peine eu d’effort à fournir pour adhérer de tout mon être à cette figure symbolique de résistante qui semblait avoir été esquissée sur mesure pour moi. Peut-être que cette parenthèse avait joué un rôle de matrice, qu’il me fallait à présent trouver seule ma voie à travers les ronces de cet enfer en m’absolvant de la structure rassurante d’un combat caricatural et épique. Je regardai Rosenbach de manière appuyée pendant quelques instants. J’enviais sa condition de médecin, il pourrait trouver dans son existence une forme de sens tant qu’il y aurait des hommes. Mes sourcils se froncèrent. D’où venait l’énergie nourrissant la flamme qui s’embrasait en moi lorsque je combattais avec tant d’ardeur ce que je jugeais injuste ? Etait-elle de la même nature que celle qui poussait Demetrius à guérir, soigner, soulager ses congénères ? S’agissait-il d’un vecteur, d’une forme étayée d’élan vital ? Il me semblait bien que malgré l’inévitable violence dont ma cellule de résistance avait été capable, mon désir profond n’avait jamais appartenu au clan de la destruction. L’élan vital. A-t-il nécessairement besoin d’être gonflé d’orgueil, d’ambition, de passion ? Ne devrait-il pas être encore plus pregnant lorsque tout reste à reconstruire ? L’on revenait toujours à la question du sens, celui qu’on donne aux choses à défaut qu’il leur soit inhérent. Je n’avais qu’à décider, même si je n’y croyais pas tout à fait, qu’il y avait un sens à s'accrocher à ce simulacre d'existence et le reste suivrait.

Demetrius évoqua son projet de filer vers le sud avec son compagnon et il m’invita à me joindre à eux. Je fus immédiatement saisie par une violente sensation, comme si une force vigoureuse me retenait vers l’arrière alors que je n’avais initié qu’un mouvement mental. Je n’avais que peu d’incertitudes concernant l’origine de ce ressenti. Il me fallut néanmoins quelques instants pour réaliser qu’il y avait finalement des terrains que l’indifférence n’avait pas conquis et qu’ils étaient recouverts d’un terreau susceptible de faire germer une forme de sens. Le sud, toutefois. Il fallait se concentrer sur le sud. « Ce n’est pas une mauvaise idée. Le soleil, les tropiques et des rôdeurs putréfiés… la définition du paradis, hein ? » Rosenbach n’obtiendrait aucune réponse de ma part tant que je n’aurais pas tout mis en oeuvre pour retrouver Luke. « Ca m’a l’air d’être quelqu’un de bien, ton Ash. » Il fallait du moins que je m’en assure avant d’envisager filer sous le soleil avec cet individu que je ne connaissais qu’à travers de rares éléments de portrait et quelques anecdotes contées par le médecin. Quoi qu’il en soit, je comprenais sa réticence à rester dans les environs. Lafayette tombée, il n’y avait plus dans les parages de communauté susceptible de tenir tête aux Horsemen et contrairement aux rôdeurs, ces fous savaient grimper aux arbres. Un bâillement m’échappa tandis que je m’enfonçais dans le canapé. Peut-être parviendrais-je finalement à me laisser happer par le sommeil.



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